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 Farid Mammeri - Artiste Peintre

On continue avec les peintres de la famille Mammeri, Farid est le troisième du nom. Il ne serait pas étonnant de découvrir encore d’autres plasticiens dans la famille car, quand on a baigné durant son enfance dans la culture des arts et des lettres, et aussi qu’on appartient à une société où l’on fabriquait tout : Les enfants, leurs propres jouets ; les adultes, leurs instruments de travail, de cuisine, de tissage, etc. … il y a de fortes chances qu'il y ait là un héritage.

Farid Mammeri est né le 21 janvier 1953, au village Taourirt Mimoun, Douar Beni-Yenni, commune mixte de Fort National (aujourd’hui Larbaa Nath Irathen). Il est bien connu du grand public, comme journaliste et poète, moins comme peintre. Il est rentré à la Radio Chaîne 3, en 1977, où il a produit et animé une émission culturelle.

A paris, en mars 2013 Farid Mammeri expose rue des Maronites dans les locaux de l’ACB (Association Culturelle Berbère). L’exposition est animée par la musique et les chants berbères de Myriam Hammani, une autre grande artiste d’At Yanni, venue d’Amérique. C’est à cette occasion que Farid répond aux questions et explique son parcours, à “Bab edd’Art“ et Nadia Agsous “Litt’Arte“ :

Qu’est ce qui t’a emmené à faire de la peinture ?

Dans mon souvenir, aussi loin que je remonte, il me semble que j’ai aimé dessiner. Ma tante paternelle garde, je crois, à ce jour, ces dessins d’enfant. Au lycée, j’ai eu la chance d’avoir un bon professeur Oscar Spielmann et j’ai pu, à son contact, dans les rares heures consacrées aux arts plastiques développer ce que l’on apprend dans une académie classique. Cela m’est resté. Pour le reste, la peinture a été pour moi un moyen d’expression tout autant que l’écriture.

Lorsque j’étais étudiant, nous proposions quelques amis et moi des expositions de poésies illustrées, cela nous permettait de pallier le manque d’édition et de déjouer quelque peu les autocensures éventuelles. L’expérience était intéressante dans la mesure où elle nous permettait un contact direct avec le public que nous voulions toucher et d’avoir des échanges fructueux.

Quel est l’artiste qui t’a influencé ?

Je n’ai pas d’influences marquées ou de revendications de lignée, d’affinités symboliques, j’aime juste explorer les territoires de la création avec en tête toutes les avancées, les innovations, les ruptures permises par tous les artistes que j’ai pu admirer, croiser pour quelques uns, découvrir pour de nombreux autres.

As-tu des liens avec Azouaou Mammeri, un des premiers peintres algériens ?

Azouaou Mammeri est un mien cousin. Avant l’Indépendance, mon grand-père maternel avait la garde de ses œuvres; un certain nombre d’entre elles étaient accrochées sur les murs. Comme j’étais scolarisé à Tizi-Ouzou, je passais donc la semaine chez mes grands-parents, j’avais donc sous les yeux ces peintures.

Quand une expo en Algérie?

Une expo en Algérie peut être envisagée. Je n’ai pas de contraintes particulières qui pourraient s’y opposer. Entretien réalisé par Bab edd’Art

Farid MammeriFarid MammeriFarid Mammeri
Farid MammeriFarid MammeriFarid Mammeri
Farid MammeriFarid Mammeri
Farid MammeriFarid Mammeri
Découvrons Farid Mammeri !

Par Nadia Agsous

C'est lors de l'exposition "Fragments de Mémoire" organisée à l'Association Culturelle Berbère (ACB) à Paris (2013) que j'ai découvert les œuvres de Farid Mammeri, poète et peintre algérien établi en France depuis 1993.

Ses toiles? Une mosaïque de couleurs chaudes qui évoquent la chaleur, la douceur, la gaieté, la vie qui s'écoule lentement, tendrement et sûrement. Des visages aux regards profonds et intenses qui parlent à nos sens. Un univers pictural émouvant qui immerge le regard dans un monde de sensibilité où des hommes et des femmes se laissent étreindre par la tendresse créatrice du peintre qui ébauche, esquisse, dessine, trace, grave, peint, donnant vie à une Humanité qui célèbre la gloire d'un monde paré de valeurs inépuisablement humaines.

Dans quelles circonstances avez-vous découvert la peinture?

Lorsque j'avais trois ans, suite à la grève des étudiants, les militaires ont mis tous les enfants de mon village d'alors, Tamda, à l'école. J'étais dans le lot. Comme je savais lire et écrire - grâce à ma mère et par esprit d'émulation vis-à-vis de mon aîné - l'instituteur m'a gardé.

Quelques années plus tard, j'ai dû aller vivre chez mes grands-parents à Tizi Ouzou. Et c'est là que j'ai découvert les œuvres de mon cousin, le peintre Azouaou Mammeri. C'était la guerre. Son fils Driss avait demandé à mon grand-père de regrouper et de préserver ses peintures restées en Algérie. J'ai donc baigné dans cet univers pictural (portraits, paysages...) accroché aux murs.

Par la suite, au lycée de Ben Aknoun (Alger), j'ai eu la chance d'avoir, dès la sixième, pour professeur, Oscar Spielmann, peintre tchèque. Son enseignement était d'une grande rigueur et d'un haut niveau. A la limite d'un enseignement d'une école des Beaux-Arts classiques.

Les années 1970 ont été fructueuses en matière de vulgarisation de votre peinture et poésie. Quelle était la nature de vos activités?

Au début, nous étions trois personnes: mon ami Yacine, mon frère Aziz et moi-même. Notre première manifestation culturelle s'est matérialisée par l'organisation d'une exposition de peinture à la galerie des "Quatre colonnes" à Alger en 1973. Puis nous avons agrémenté ces expositions d'écrits poétiques. C'est ainsi que nous avons réalisé de la poésie illustrée.

Afin d'élargir notre cercle et de partager notre passion avec le plus grand nombre, nous avons organisé des expositions suivies de débats dans des campus universitaires et quelques villes algériennes: Oran, Blida, Boufarik, Boumerdès. Les échanges avec notre public étaient très riches et passionnés car nos interrogations interpellaient nos interlocuteurs.

J'ai continué à écrire, à peindre et à exposer jusqu'en 1977, date de mon entrée à Radio Chaîne 3 où j'ai produit et animé une émission culturelle. En 1993, j'ai quitté l'Algérie. C'est alors que j'ai recommencé à peindre.

Vous avez cessé de peindre pour faire la promotion des autres artistes. Comment expliquez-vous ce positionnement?

Il me semblait qu'animer des émissions à vocation littéraire et artistique et communiquer avec des auteurs et des artistes-peintres était une autre manière de créer. Pendant seize années, j'ai rencontré pratiquement tous les peintres de l'époque: M'Hamed Issiakhem, Mohamed Khadda, Bourdine, Denis Martinez, Larbi Arezki, Salah Malek... Mon émission a été aussi l'occasion de découvrir des talents dont les oeuvres n'étaient pas encore prises en considération et qui n'auraient pas pu se faire connaître autrement. Je leur offrais un lieu d'expression où ils parlaient librement, dans la langue de leur choix. A l'époque, le "désert culturel" dont parlaient ceux qui valorisaient la "culture officielle" n'existait que dans leur tête. La "vraie" culture, celle qui était dynamique et se pratiquait au jour le jour n'avait pas forcément le rayonnement qu'elle méritait ni les espaces médiatiques pour cela.

Quelles sont vos influences picturales?

Les années passées à la radio m'ont fourni l'opportunité de m'intéresser à l'esthétique d'un point vue intellectuel et pratique. J'ai découvert les différents mouvements picturaux à travers le monde. Je me suis documenté sur la peinture algérienne, sa naissance, ses caractéristiques, ses différentes tendances. Car jusqu'à une certaine période, elle était considérée comme un genre cantonné dans le champ de l'art indigène.

Je suis plutôt influencé par l'impressionnisme et la peinture moderne. J'ai tenté d'explorer plusieurs techniques. Mon style a oscillé entre le symbolisme, le semi-figuratif et l'abstrait. En réalité, je n'ai pas de préférence pour un style particulier. Mais je dirai que ma peinture est plutôt semi-figurative.

L'exploration et l'expérimentation en matière de formes et de couleurs sont des éléments importants dans la démarche d'un peintre. C'est un moyen qui favorise l'expression. Car lorsqu'on peint, on raconte l'histoire d'un moment: l'instant de la création.

J'ai tenté d'intégrer de nouveaux matériaux tel que le fil de plomb utilisé pour les vitraux. Il fut une époque où j'avais envisagé de travailler sur des radiographies. Mais j'y ai très vite renoncé car je n'avais pas trouvé le bon moyen pour les graver.

Des femmes au labeur, des hommes songeurs, souriants, soucieux, des lieux, des symboles et bien d'autres aspects caractérisent votre peinture. Quelles sont vos sources d'inspiration?

Je me nourris de mon environnement. Je m'inspire de mes origines, de ma culture, de mon Algérie et de ses héritages culturels: africain, grec, romain, phénicien, méditerranéen. Je me nourris de littérature, de différentes approches de personnes que je rencontre, d'écrivains tel que Saint Augustin ou Apulée qui est le premier à avoir posé la problématique de l'élévation de soi dans un roman. J'ai rencontré beaucoup d'hommes et de femmes qui m'ont influencé et façonné.

J'ai intitulé l'exposition organisée à l'Association Culturelle Berbère (ACB): "Fragments de mémoire" (mars 2013). Car quand on a tout oublié, il reste la mémoire. Je peins des visages que j'ai rencontrés: les cardeuses, les porteuses d'eau... des lieux que j'ai traversés, des événements qui m'ont marqués, des scènes qui ont retenu mon attention.

Quel est votre regard sur la création artistique picturale en Algérie?

Globalement, il y a eu deux grandes voies en matière artistique. Il y avait les artistes qui interrogeaient le signe, notamment le Groupe Aouchem (Tatouages) qui utilisait le signe et les symboles berbères et la calligraphie. Puis il y avait la culture de "l'art officiel" qui s'intéressait au socialisme "pictural" dans le domaine de la sculpture notamment. Auparavant, dans le cadre des "Arts Indigènes", il y avait l'enluminure et la miniature. Plus tard, les peintres se sont libérés des "contraintes identitaires" pour s'inscrire dans l'art moderne, prendre part à l'expression dans la peinture universelle. Ils n'étaient plus des peintres algériens au sens restrictif du terme mais des artistes qui se revendiquaient en tant que tels.

"Fen-Art" est un projet à vocation culturelle qui vient de voir le jour. Quel est son principal objectif?

Au-delà des écoles, des moyens d'expression, des différents supports et différentes pratiques, nous avons voulu, avec "Fen'Art", mettre en synergie toutes les potentialités créatrices d'artistes désireux de prendre part à ce projet qui se veut solidaire avant tout. "L'art est union" quand il se veut aussi communion pour une meilleure visibilité et lisibilité des diverses et multiples créations.

Notre association est donc ouverte à tout plasticien ou artiste désireux d'en faire partie.

Farid Mammeri
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Farid Mammeri
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Tag(s) : #Peinture, #Portraits
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