"C’était au début des années 50, à la Préfecture de Rouen. On y recevait Léopold Senghor qui n’était pas encore Président de la République du Sénégal mais était déjà député représentant son pays au Parlement français. On avait organisé pour sa venue un grand dîner à la Préfecture et on lui avait affecté un jeune stagiaire de l’ENA pour le suivre pas à pas, devancer ses désirs et le guider.
Le jeune Enarque s’acquittait de sa tâche avec beaucoup de sollicitude, de gentillesse et d’application mais son éducation avait quelques lacunes et préjugés en ce qui concerne l’Afrique. Rien de méchant, juste de l’ignorance et un peu de bêtise…Donc, il s’empressait auprès de son protégé mais croyait utile, pour se faire bien comprendre, de lui parler « petit nègre ». Cela donnait à peu près :
« Vous, content ? Vous, pas soif ? Vous, vouloir reprendre potage , y'a bon mangé. ..?»
Le grand homme avait trop de classe pour s’en formaliser. Il regardait même avec bienveillance ce débutant besogneux qui multipliait les efforts pour le mieux le servir...
Avec le café, vint l’heure des discours. On pria Léopold Senghor de prendre la parole. Il le fit avec un brio de Normalien et d’Agrégé de Grammaire. Il obtint beaucoup de succès. En se rasseyant, il se tourna vers son jeune amphitryon bien embarrassé et lui dit d’un avec un sourire :
- Alors jeune homme, y’a bon discours ? "
https://information.tv5monde.com/video/encre-noire-et-page-blanche-la-poesie-de-senghor-une-ode-l-afrique?xtor=CS4-48-%5BEncrenoire_Senghor%5D-%5BFacebook%5D-%5Bpost%5D-%5B%5D
Depuis les années 70, à chaque fois que je passe par là, quand je ne suis pas distrait, je m’arrête devant mon arbre fétiche et le photographie. Du haut à 1.500 mètres d'altitude, au centre de la forêt, il semble me montrer du doigt en contre bas dans la vallée, en forme de cuvette, le village d'At Ouavane en indiquant ses extensions. En comparant les photos des autres périodes on relève également ses propres changements que le temps et les éléments lui ont fait subir...
Regardez là haut au fond, la montagne telle une femme allongée, seins vers le ciel azur, tête contre tête avec un autre géant; ils semblent se reposer un instant le temps de la rémission !
Publiée par Mohamed Tabeche sur Jeudi 26 mars 2020