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Sittelle kabyle, le seul oiseau endémique connu d'Algérie,découvert en 1975

La Sittelle kabyle (Sitta ledanti), également connue sous le nom de sittelle de Ledant,m> est une espècea> d'eau">oiseaux de la familledes Sittidae. C'est une sittelle de taille moyenne, mesurant environ 12 cm. Les parties supérieures sont gris bleuté, les parties inférieures d'une couleur chamois pâle tirant vers le gris. Le mâle se distingue de la femelle par l'avant noir de sa calotte. L'espèce est sédentaire ; elle se nourrit d'arthropodes en été, de graines en hiver. La saison de reproduction a lieu vers mai-juin. Le nid, bâti dans un trou d'arbre, abrite une ponte de trois ou quatre œufs, couvés par la femelle. Les oisillons sont nourris par les deux parents.

La Sittelle kabyle est l'unique espèce d'oiseaux endémique d'Algérie, où elle ne peuple plus que certaines forêts de conifères du nord du pays. Son nom scientifique rend hommage à Jean-Paul Ledant, le naturaliste amateur belge qui a découvert l'oiseau enoctobre 1975 ; la description de l'oiseau est réalisée par l'ornithologue français Jacques Vielliard. La nouvelle de cette découverte surprend grandement le monde de l'ornithologie et fait l'objet d'une couverture médiatique internationale. La Sittelle kabyle est étroitement apparentée à la Sittelle de Krüper (Sitta krueperi). L'oiseau ne possède plus qu'une aire de répartition relictuelle et limitée, menacée par les incendies, l'k" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89rosion">érosion et l'action humaine ; l'espèce est donc considérée comme « en danger » par l'Union internationale pour la conservation de la nature.

La Sittelle kabyle est une sittelle de taille moyenne2 ; elle mesure entre 11,5 et 12,5 cm3, pour une masse de 18 g environ4. Les parties supérieures sont globalement gris bleuté ; la queue prés>ente une petite bande blanche subterminale bordée de beige. Le ventre est lavé de beige saumoné clair jusqu'aux sous-caudales ; ces dernières sont grises à leur base5. Le mâle a le front noir, ainsi qu'un trait oculaire et un lore sombres, séparés de la calotte par un larg>e sourcil blanc tranchant. Chez la femelle, la calotte et le trait sourcilier sont du même gris que le dos, avec l'avant de la calotte parfois plus sombre (quand le plumage est usé), mais pas aps://fr.wikipedia.org/wiki/Sourcil_(oiseau)">utant que chez le mâle2. Chez les deux sexes, les côtés de la tête ainsi que la gorge sont blancs3. Les iris sont brun-noir, les pattes gris plomb et le bec gris bleuté6. Il y a quelques taches grises diffuses sur les sous-caudaleshttps://fr.wikipedia.org/wiki/Sittelle_kabyle#cite_note-BLI-7">7. Le plumage des juvéniles est semblable à celui de la femelle, en plus terne et avec un sourcil peu apparent2 ; au sortir du nid, la croissance du bec et la pigmentation du bec et des pattes sont incomplètes8.

Dans son habitat, la Sittelle kabyle ne peut être confondue avec aucun autre oiseau. La sittelle la plus proche géographiquement est la Sittelle torchepot (Sitta europaea) qui peuple quelques localités du Rif9 ; cette espèce est plm>us grande que la kabyle, n'a pas de noir sur la calotte </a>et a les parties inférieures jaunes (ou blanches pour certaines sous-espèces) tirant >sur l'orange autour du croupion3. La Sittelle kabyle ressemble fortement à la Sittelle corse (Sitta whiteheadi),> mais la calotte noire diffère chez les mâles : celle de l'espèce kabyle couvre l'avant de la tête, contre toute la tête chez l'insulaire. Les parties inférieures sont d'un chamois rosé plus chaud chez l'espèce algérienne. Elle est phylogénétiquement très proche de la Sittelle de Krüper (Sitta krueperi), avec l'avant de la calotte sombre chez le mâle et le sourcil blanc marqué, mais la Sittelle de Krüper a les parties inférieures gris pâle et une grande tache pectorale brun roussâtre3.

Vocalisations

Le cri d'appel est typique d'un sittidé, en tsiit tsiit7. Les adultes> utilisent aussi un cri chuinté en cas de présence d'un intrus, possiblement pour la défense du territoire10. Le chant de la Sittelle kabyle est un sifflement nasillard, composé d'une série d'éléments montants, avec une brève note terminale, répétés lentement et pouvant être transcrits en un vuuy-di vuuy-di vuuy-di3. C'est une répétition de sept à douze phrases durant deux à quatre secondes2. L'oiseau peut également produire un trille rapide en di-du-di-du-di-du, et inqu>href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sittelle_kabyle#cite_note-Harrap1992-2">iété, émettre un chèèh rêche et répété3comparable au cri d'un i/Geai_des_ch%C3%AAnes">geai2,7.

Alimentation

Les quelques données sur le régime alimentaire de l'espèce proviennent principalement d'une étude réalisée fin mars 1978 par deux ornithologues allemands11. Le régime alimentaire de la Sittelle kabyle varie selon les saisons. En été, elle se nourrit principalement d'insectes (essentiellement des chenilles et des coléoptères) et d'araignées qu'elle trouve en arpentant les troncs et branches des chênes7. L'hiver, les insectes se font rares et la Sittelle kabyle se nourrit get="_blank" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%AAne">alors de graines de conifères qui lui assurent un approvisionnement constant5>,12. Elle se nourrit généralement seule, mais elle peut former des volées mixtes d'alimentation en dehors de la saison de reproduction7.

Reproduction

La saison de reproduction a lieu en mai-juin à Tamentout et sur le mont Babor, plus ou moins tôt selon les conditions météorologiques et l'abondance de la nourriture ; aux altitudes les plus hautes, il se peut qu'elle commence plus tard7. Dans le parc national de Taza, la période de reproduction finit fin juin12. Le nid est construit dans un trou d'arbre3, peut-être à partir d'une ébauche de loge de Pic épeiche(Dendrocopos major), dans un sapin mort ou dans les aspérités d'un chêne ou d'uttps://fr.wikipedia.org/wiki/Pic_%C3%A9peiche">n cèdre, et il est généralement placé entre quatre et quinze mètres du sol10. Le fond est garni de débris végétaux (copeaux de bois, feuilles mortes) et animaux (pl>blank" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A8dre_en_Alg%C3%A9rie">ps://fr.wikipedia.org/wiki/Sittelle_kabyle#cite_note-Vielliard1976b-10">umes de Chouette hulotte(Tyto alba), poils de Sanglier (Sus scrofa)). Alors que l'incubation est réalisée par la femelle seule (le mâle n'a pas de plaque incubatrice), les deux parents nourrissent les jeuneste_note-Vielliard1976b-10">10. Les nichées comptent trois ou quatre jeunes à l'envol5. Après la saison de reproduction, les adultes effectuent une mue post-nuptiale complète et les jeunes une mue post-juvénile partielle8.

Répartition et habitat

La Sittelle kabyle est endémique d'Algérie, et c'est la seule espèce d'oiseaux dans ce cas. Elle peuple certains reliefs de la Kabylie, où elle a été recensée dans quatre localités isolées les unes des autres par des zones impropres à sa survie1,2. Elle a été découverte pour la première fois sur le mont Babor, à seulement une vingtaine</a> de kilomètres de la côte méditerranéenne. Son habitat optimal n'y couvre que 2,5 km2, et la zone n'abrite que 80 couples selon une estimation de 198513,2. Puis elle a été repérée dans le Guerrouch, au sein du parc national ="_blank" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sittelle_kabyle#cite_note-Harrap1992-2">de Taza, en juin 19892, ce massif disposant d'une population plus importante comptant autour de 350 individus. Des effectifs plus réduits sont découverts en 1990 dans deux autres localités proches de ce parc, àTamentout et à g/wiki/Djimla">Djimla1. L'oiseau pourrait être présent dans d'autres chênaies de petite Kabylie, mais les recherches restent pour le moment infructueuses14.

Cet oiseau vit dans les chênaies entre 350 et 1 120 m d'altitude et dans les forêts mixtes de chênes, érables,peupliers et conifères à partir de 2 000 m d'altitude3. Il apprécie les forêts humides aux grands arbres offrant des cavités, dont notamment : le Sapin de Numidie (Abies numidica, un endémique du Djebel Babor), le Cèdre de l'Atlas (Cedrus atlantica), le Chêne afarès (Quercus afares), leChêne-liège (Quercus suber) et le Chêne fagim>né (Quercus faginea)Cm>3%AAne-li%C3%A8ge">.wikipedia.org/wiki/Sittelle_kabyle#cite_note-ProjetALG-15">15. Le Djebel Babor, dominé par les sapins, offre un climat plutôt frais et humide, avec de la neige en hiver ; dans le Guerrouch, les chênes sont dominants et le climat est plus chaud et sec2. En basse altitude, comme à Tamentout, les forêts sont dominées par le Chêne-liège, et les densités de peuplement sont alors plus faibles qu'aux altitudes plus hautes (au-dessus de 1 000 mètres), où cette essence est remplacée par des chênes à feuilles caduques comme le Chêne des Canaries (m>Q. canariensis) et le Chêne afarès16. Une étude menée dans le mont Babor entre les étés 1981 et 1982 a montré que les facteurs apparemment favorables à la Sittelle kabyle dans ce massif étaient « la diversité des espèces d'arbres, la grosseur (ou l'âge) des arbres et indirectement le climat d'altitude »13.

Découverte et nomenclature

La Sittelle kabyle est découverte en Algérie par Jean-Paul Ledant, un agronome belge féru d'ornithologie, le 5 octobre 19754. L'identifiant comme bien différente des autres sittelles, il écrit à l'Académie des sciences (comptant notamment pour membres Henri Heim de Balsac, spécialiste de> la faune nord-africaine, et Jacques Vielliard, ornithologue), pour faire part de sa découverte. Les scientifiques sont incrédules, mais travaillant alors sur une révision des ps://fr.wikipedia.org/wiki/Sitta">Sittidés qui rapprocherait Sittelles corses et de Krüper, ils encouragent tout de même Ledant à retourner sur le site5. Il s'y essaye plusieurs fois durant l'hiver, mais le mont est trop enneigé pour permettre son exploration. Ledant est finalement accompagné de Vielliard à la mi-avril 1976 pour observer des nichées, qui s'avèrent en fait plus tardives dans ce massif aux conditions climatiques difficiles. Ils doivent attendre juillet pour observer le comportement de nourrissage et quelques envols, ainsi que pour réaliser des enregistrements et des essais d'appels avec des chants de Sittelles corse et de Krüper. Une douzaine de couples seulement sont alors recensés, mais le 5 et le 6 du mois, Vielliard sacrifie tout de même un couple d'adultes ayant fini de nourrir leurs petits, spécimens qui serviront de types6,17,18.

La Sittelle kabyle est formellement décrite dans Alauda par Jacques Vielliard en 1976 sous son nom actuel de Sitta ledanti. Cette découverte surprend grandement le monde des ornithologues, et l'oiseau semble issu d'un « monde perdu » ayant résisté au temps, le Djebel Babor2. En effet, en ornithologie, l'observation d'une espèce endémique inconnue dans le monde méditerranéen ne s'était pas produite depuis presque un siècle, avec la découverte riche en similitudes de la Sittelle corse (Sitta whiteheadi) en 1883elliard1m>976b-10">10,17. Dans l'ensemble dupaléarctique, le dernier oiseau vivant découvert était la Niverolle d'Afghanistan ki/Pal%C3%A9arctique">(Pyrgilauda theresae), décrite en 1937 ; l'_blank" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Engoulevent_de_Vaurie">Engoulevent de Vaurie (Caprimulgus centralasicus), décrit seulement en 1960, avait en effet été découvert dès 19292.

En décembre 1976, l'ornithologue suisse Éric Burnier fait savoir dans la revue Nos Oiseaux qu'il avait lui-même découvert l'espèce de manière indépendante le 20 juin de la même année, avant d'apprendre par un entrefilet dans Le Monde du 28 juillet 1976 qu'il avait été précédé dans sa découverte et que l'espèce venait d'être baptisée9,19. Il publie quelques dessins et notes de terrain, expliquant avoir repéré au chant puis approché à quelques mètres seulement des oiseaux qu'il avait estimé mêler les caractères de laSittelle corse (Sitta whiteheadi) et de la target="_blank" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sittelle_de_Kr%C3%BCpea>r">Sittelle de Krüper (Sitta krueperi). La seule sittelle connue du .wikipedia.org/wiki/Maghreb">Maghreb étant alors la Sittelle torchepot (Sitta europaea) qui peuple quelques localités du Rif et de l'Atlas marocains, éloignées du Djebel Babor, il savait avoir affaire à une espèce nouvelle9.

Phylogénie

La Sittelle kabyle est parfois placée dans un sous-genre, Micrositm>ta, décrit par l'ornithologue russe Sergei Buturlin en 191620, et ne compta>e aucune sous-espèce21. Charles Vaurie aa>vait regroupé en 1957 la Sittelle corse (Sitta whiteheadi), la Sittelle à poitrine rousse (Sitta canadensis) et la Sittelle de Chinm>e (Sitta villosa), qu'il considère très proches, dans le groupe «.wikipedia.org/m>wiki/Sittelle_de_Chine"> canadensis »22. L'ornithologue allemand Hans Löhrl signale une certaine divergence à Vaurie après rie1957-22">a>avoir étudié l'écologie et les comportements des oiseaux américains et corses, et en publiant ses notes de terrain en 1960 et 196123,24. Dans sa description de la Sittelle kabyle en 1976, Vielliard consacre une partie de son article aux relations possibles des différentes espèces et à leur histoire évolutive. Il suggère que Vaurie s'est arrêté à une « une similitude morphologique superficielle » pour rapprocher la Sittelle corse de la Sittelle à poitrine rousse, et que l'espèce corse devait plutôt former avec la Sittelle de Krüper (m>Sitta krueperi) un groupe dit des « sittelles mésogéennes », « oùSitta ledanti vient s'insérer providentiellement »10.

En 1998, Éric Pasquet étudie le gène du cytochrome-b de l'ADN mitochondrial d'une dizaine d'espèces de sittelles, dont les différentes espèces du groupe de Sitta canadensis25, qu'il définit comme comprenant six espèces, qui correspondent à celles rapportées au sous-genre Micrositta20 : canadensis, villosa, yunnanensis, whiteheadi, krueperiet ledanti. La Sittelle du Yunnan (Sitta yunnanm>ensis) n'est pas incluse dans l'ém>tude. Pasquet conclut que la >lle_corse">Sittem>lle corse (Sitta whiteheadi) est à rapprocher phylogénétiquement de la Sittelle de Chine (Sitta villosa) et de la Sittelle à poitrine rousse (Sitta canadensis), ces trois espèces formant le groupe-frère d'un rg/wiki/Clade">clade regroupant la Sittelle de Krüper (Sitta krueperi) et la Sittelle kabyle. Les trois premières espèces seraient même suffisamment proches pour constituer des sous-espèces, rejetant la théorie « mésogéenne » de Vielliard et confirmant donc les conclusions deCharles Vaurie25. Par souci de stabilité de la taxinomie, toutes conservent cependant leur statut d'espèce à part entière26.

Les conclusions de l'étude sont en accord avec la morphologie des espèces, les Sittelles à poitrine rousse, corse et de Chine partageant notamment comme caractère dérivé la calotte entièrement noire uniquement présente chez les mâles, trait unique chez les Sittidés et familles apparentées. Le second clade, regroupant Sittelles de Krüper et kabyle, aurait pour synapomorphie l'avant de la calotte noir chez les mâles, ce dimorphisme sexuel étant absent chez les jeunes individus25.

Biogéographie

En 1976, l'ornithologue suisse Paul Géroudet suggère que les sittelles mésogéennes peuplaient autrefois une ceinture de résineux assez continue autour de la Méditerranée, qui s'est morcelée, ne sauvegardant que quelques refuges difficiles d'accès où ces différentes espèces ont pu évoluer « en vase clos »27. En 1998, sa phylogénie étant établie, Pasquet conclut que l'histoire paléogéographique du groupe serait la suivante : la divergence entre les deux clades principaux du « groupe canadensis » apparaît il y a plus de 5 millions d'année<a target="_blank" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Clade">s, à la fin du ef="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mioc%C3%A8ne">Miocène, quand le clade de krueperi et ledanti s'installe dans le bassin méditerranéen au moment de la crise de salinité messinienne ; les deux espèces le constituant divergent il y a 1,75 million d'années. L'autre clade se divise quant à lui en trois, avec des populations quittant l'Asie par l'est et donnant naissance à la Sittelle à poitrine rousse nord-américaine, puis, il y a environ un million d'années, par l'ouest, marquant la séparation entre Sittelle corse et Sittelle de Chine25.

Menaces et conservation_ Effetifs et statut

À la découverte de la Sittelle kabyle, les ornithologues estiment que l'espèce ne compte qu'une douzaine de couples et l'on craint « que sa rareté allèche des collectionneurs », que l'annonce de sa découverte cause sa disparition27. La découverte en 1989 de la population bien plus importante du parc de Taza montre que l'espèce est moins menacée qu'il n'y paraissait, et que son endémisme ne se limite pas au seul Djebel Babor28. La répartition actuelle de la Sittelle kabyle semble être limitée par celle des forêts qui l'abritent, et le morcèlement des populations pourrait indiquer que l'espèce fut autrefois plus répandue, avant que la déforestation ne l'isole dans les petits îlots de verdure qu'elle peuple aujourd'huia> target="_blank" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sittelle_kabyle#cite_note-Harrap1992-2">2. La Sittelle kabyle possède une faible population : ses effectifs pourraient ne pas dépasser les 1 000 individus. L'oiseau est placé dans la catégorie des espèces à 250-999 individus matures, ce qui correspond à 350-1 500 individus en tout. Même si aucun chiffre précis ne permet de le confirmer, ces effectifs sont considérés en déclin en raison de la réduction de l'habitat que subit l'espèce7. La Sittelle kabyle est considérée par l'Union internationale pour la conservation de la nature comme « en danger » depuis 19941.

Menaces

La principale menace planant sur la Sittelle kabyle est la destruction de son habitat. Les incendies, notamment, détruisent les anciennes forêts mixtes du haut du mont Babor, qui sont remplacées par des végétations plus pauvres, dominées par les cèdres. Le pâturage du bétail et la déforestation illégale (mont Babor et Tamentout) sont une autre menace pour l'habitat, même dans le parc national de Taza2,7. On peut également noter la construction, dans les années 1970, d'une route carrossable qui a conduit à l'érosion des sols et à un risque accru d</a>'incendie, ou encore la lutte antiterroriste dans la région, qui est une source de dérangement pour l'espèce7,12. La Sittelle kabyle pourrait compter plusieurs prédateurs durant l'incubation, comme la ">a>">Belette (Mustela nivalis), le >Lérot commun (Eliomys quercinus) ou le Pic épeiche (Dendrocopos major)10.

Protection

La loi algérienne place l'espèce dans le décret no 83-509 du 20 août 1983 relatif aux espèces animales non domestiques protégées, fixant une liste des 32 espèces d'oiseaux protégées en Algérie29. La Sittelle kabyle figure dans une pétition réalisée en 1980 par l'organisme International Council for Bird Preservation (aujourd'hui BirdLife International) et demandant au gouvernement fédéral des États-Unis d'ajouter 60 espèces étrangères aux listes fédérales d'espèces menacées30. Cette demande est publiée dans le journal officiel américain (Federal Register) l'année suivante31, mais ces espèces, dont la Sittelle kabyle, ne rejoignent les listes d'espèces menacées qu'en 199530.

La plus grande population se trouve dans une aire protégée, le parc national de Taza12. Pour sauvegarder l'espèce, il serait bon de mieux connaître la taille des populations existantes et leurs préférences écologiques. Des mesures de protection ont cependant déjà été avancées, proposant notamment la restauration ou la préservation de l'habitat par la reforestation, la plantation de bois de chauffage en dehors des forêts actuelles, mais aussi la prévention des incendies7. Elle sert d'espèce-phare pour la préservation de la forêt du Djebel Babor32.

La sittelle kabyle et l'Homme

La découverte de l'espèce est d'abord relayée dans Le Monde du 27 juillet 1976 (daté du 28), puis reprise dans la presse mondiale et dans des revues plus spécialisées comme Science et Vie ou La Vie des Bêtes ; elle fait également l'objet d'une interview sur Radio Francerget="_blank" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sittelle_kabyle#cite_note-Vielliard1980-8">8. Les autorités algériennes nourrissent un vif intérêt pour l'oiseau : en 1979, elles organisent un Séminaire international sur l'ornithologie algérienne du 5 au 11 juin8 et la même année la poste algérienne consacre un timbre à la Sittelle kabyle33, d'une valeur faciale de 1,40 dinar et représentant un mâle adulte sur un tronc, tête en bas.

Biographie

 

Références taxinomiques

Liens externes

Notes de références

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  24. ↑ (de) Hans Löhrl, « Vergleichende Studien über Brutbiologie und Verhalten der Kleiber Sitta whiteheadiSharpe und Sitta canadensis L. II. Sitta canadensis, verglichen mit Sitta whiteheadi », Journal für Ornithologie,vol. 102,‎ 1961, p. 111-132
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  29. (fr) Chadli Bendjedid, « Décret n° 83-509 du 20 août 1983 relatif aux espèces animales non domestiques protégées », Journal officiel de la République algérienne,‎20 août 1983 (lire en ligne [archive])
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  33. (fr) Kader Bakou, « Le coup de bill’art du Soir - La Sitelle Kabyle est la vie » [archive], sur LeSoirdAlgerie.com(consulté le 5 septembre 2013)

La découverte d’un nouveau site de la Sittelle kabyle provoque des réactions salutaires

L’annonce faite dans nos colonnes (El Watan du 23 octobre) de la découverte le 11 octobre dernier d’un nouveau site de la Sitelle kabyle par une équipe pilotée par le Pr. Mohamed Bellatrèche de l’Ecole nationale des sciences agronomiques (ENSA) a suscité des réactions chez des ornithologues certains revendiquant la primeur de la découverte de l’oiseau emblématique de l’Algérie plus à l’est des 4 sites déjà connus.

Ce petit oiseau endémique à cette région du pays et qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde n’était connu auparavant qu’au Djebel Babor (Sétif) en 1975, puis redécouverte dans les forêts du Gerrouch à Jijel (1989), ensuite à un mois d’intervalle dans les forêts de Tamentout et Djima, entre Sétif et Jijel (1990). Trois membres de l’association ornithologique AquaCirta de Constantine ont pu l’observer le 24 septembre dernier.

L’information n’a été donnée que sur leur page Facebook le 18 octobre, relayée par des sites ornithologiques connus comme Ornithomédia, celui de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) des sites français.

Les membres d’Aquacirta ont appris, eux, la présence de la sittelle par un cadre du Parc national de Taza (Jijel), Abdelwahab Bouchareb, que nous avons pu joindre au téléphone. Lui l’a vue à la fin du mois d’octobre et il sait de quoi il parle puisque la Sittelle a été son sujet de mémoire de master. Il en a entendu parler par des gens du coin qui l’ont reconnue sur des images. Le Pr Riadh Moulay, de l’université de Béjaïa et ses collègues l’ont vue en avril 2018 ; l’info n’a pas été divulguée en vue d’une publication scientifique.

L’annonce est donc restée dans le cercle des initiés alors «qu’il fallait la rendre publique immédiatement en commençant par informer les autorités en charge de la protection de la nature», nous déclare Mohamed Bellatrèche qui dit avoir «gardé un très mauvais souvenir de la découverte de la Sittelle en 1975, qui a fait le tour du monde après avoir été donnée à Paris par le journal Le Monde le 28 juillet 1976».

Ces réactions sont salutaires, nous dit encore Mohamed Bellatrèche, car cela veut dire qu’il y a du monde aujourd’hui, dans les universités et en dehors, qui observe les oiseaux en accumulant les connaissances en ornithologie, comme nous l’explique Abdelkrim Si Bachir, enseignant-chercheur et trésorier de l’Association nationale de ornithologues algériens ANOA (voir interview).

Les ornithologues, amateurs et professionnels, se sont regroupés pour beaucoup en associations qui organisent des séminaires internationaux pour évaluer les travaux de recherche sur les oiseaux et leurs milieux naturels, particulièrement les zones humides, des formations et des ornithologies, le financement de projets avec des bailleurs de fonds étrangers.

«En quelques années, nous sommes passés des simples observations des espèces et leur dénombrement à des études touchant à plusieurs aspects de la bio-écologie des oiseaux», nous indique encore le porte-parole de l’ANOA. Mohamed Bellatrèche affirme à ce propos «qu’aucune discipline universitaire n’a fait autant de progrès, à l’exception de l’informatique» et l’association des deux a révolutionné les pratiques et libéré les énergies.

On en veut pour preuve ce site créé par de simples amateurs qui rassemblent et partagent les observations sur l’avifaune algérienne qui échappe ainsi au contrôle de l’administration incarnée par la Direction générale des forêts à qui on reproche, en organisant tant bien que mal les dénombrements annuels des oiseaux, de garder jalousement les données pour ne les confier qu’à «Wetlands International»(1) et d’autres organismes internationaux.

Mais, si la Sittelle vient avec ce nouveau site à Ghabet Ezzen (la forêt de chêne zéen) de Jijel, et comme à la fin des années 70’ et 80’ de relancer l’intérêt pour cette activité et «applications socio-économiques, telles que la protection des végétaux cultivés, la conservation des milieux forestiers et des zones humides, la santé humaine et animale, l’écotourisme», beaucoup de chemin reste à faire.

L’Algérie est un continent, elle est vaste et le nombre d’observateurs est infiniment petit pour une couverture satisfaisante. Elle a besoin de plus d’observateurs, des guides d’oiseaux, des jumelles et des télescopes. Le Réseau des forestiers RNOOA, qui compterait 500 membres, en est cruellement démuni. Il y a des wilayas et pas des moindres sans la moindre paire de jumelles.

Tag(s) : #Faune et flore
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