Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

            II est étonnant que les Berbères qui possèdent depuis très longtemps un alphabet aient peu écrit dans leur langue. L'antiquité ne nous a légué que des inscriptions, dont une partie seulement a été déchiffrée, et le Moyen-âge, des lexiques arabo-berbères et quelques textes poétiques, profanes et religieux. Mais point de chronique ou de grand texte littéraire qui aurait permis de fixer la langue. Hiempsai, roi numide, a écrit des ouvrages en grec, Juba II a laissé nombres de productions littéraires en grec aussi.

Les Berbères, surtout ceux qui vivaient à Carthage et dans ses environs, ont dû écrire en punique, mais on ne conserve aucun texte rédigé dans cette langue. La littérature punique a, en effet, disparu dans la destruction de Carthage. En revanche, la littérature latine des Berbères a été conservée. La langue latine, comme les langues de tous les conquérants qui se sont succédés en Afrique du Nord, a été imposée par la force. "L'Etat romain, qui sait commander, écrit Saint Augustin, a imposé aux peuples domptés non seulement son joug, mais encore sa langue''. Mais la langue, pour un grand nombre d'écrivains, n'était qu'un instrument de communication qui leur permettait d'exprimer leurs pensées et leurs sentiments.

            Les auteurs africains ont beaucoup appris de la culture classique, mais ils ne lui ont pris que ce qui convenait à leur tempérament. Rhéteurs, ils l'ont presque tous été, mais c'étaient des rhéteurs d'Afrique gardant le souvenir de la langue du pays "hommage inconscient de reconnaissance pour les ancêtres berbères". Ce qui distinguait l'écrivain africain du romain c'est qu'il héritait des qualités et des défauts des vieilles races africaines : imagination fertile, une sensibilité touchante, esprit mystique, âme de missionnaire cherchant à convaincre et à convenir. Le tout traduit dans un style où l'image, l'hyperbole, la note forcée tiennent une grande place. Les liens entre l'auteur et le pays sont évidents.

Parmi les auteurs connus, depuis le 2ème siècle après JC, nous citons :

 Fronton : "orateur, consul, maître de deux empereurs" fut de son temps placé au premier rang des écrivains. Il naquit à Cirta au II siècle après .JC, fit ses études en Numidie, les poursuivit à Carthage et ensuite à Rome. Il fit une carrière brillante, entra très jeune au Sénat et fut le familier de trois empereurs. Il ne reste de ses discours que quelques fragments; plusieurs des ouvrages conservés sont incomplets.

Apulée de Madaure : peut être le plus grand écrivain de l'Afrique, auteur favori de son pays natal, Apulée traça la voie à la littérature africaine. Apulée était fier de ses origines, fier de Madaure, où il avait vu le jour vers 125. La plus grande partie de ses ouvrages est perdue, il nous reste Les Métamorphoses ou l'Âne d'or, en onze livres, le recueil des Florides et de l'Apologie, et quelques traités de philosophie pure.

Saint Cyprien : il fut un brillant rhétoricien païen puis, converti au christianisme, il devint évêque en 248. Son œuvre consiste en traités de morale et en épîtres : sur les œuvres et les aumônes, De l'unité de l'Eglise catholique, lettres, etc.

 Lactance : une inscription nous apprend qu'il est originaire de Cirta. Il serait né vers 250. Ses principaux livres : symposium ou Banquet, le Grammaticus. Lactance se révèle historien, et donne des renseignements précieux sur les dernières années du IVe siècle. Son œuvre apologétique et philosophique comprend les Divinae institutionnes en sept livres, l'Epitome ou abrégé des institutions divines, etc.

 Saint Optât : né vers 320 est originaire de Milev (Mila), il en fut évêque dans le dernier tiers du quatrième siècle Saint.

 Optat est le plus ancien représentant de la littérature antidonatiste. Les libri Optati, les livres d'Optat, connus aussi sous les titres : De Schismate Donatistarum ou Contra Parmenianum Donatistum constituent l'ouvrage fondamental d'Optat contre les donatistes.

Petilianus De Constantine : né à Constantine vers 365, il fut d'abord un brillant avocat, un grand orateur et ce fut la raison qui décida les donatistes de la ville à en faire leur évêque vers 395- Ses principales œuvres sont : Pamphlet contre l'Eglise catholique, Lettre sur l'Eglise catholique. Pamphlet contre Augustain, Traité sur la Schisme des Maximianistes, Traité sur le baptême et de nombreux discours à la Conférence de Carthage.

 Gaudentus de Timgad : né vers 355 à Thamugadi. Elu évêque au début de l'année 398. On connaît ses lettres à Dulcitius, sa lettre à Augustain. A défaut d'une grande valeur littéraire ces œuvres ont un intérêt historique certain pour l'étude du Donatisme et la connaissance de la vie africaine à Timgad.

 Emeritus De Caesarea : né vers 350 à Caesarea, il fut l'évêque donatiste à partir de 385. Il est connu par ses œuvres mais surtout par le témoignage de Saint Augustain. On a de lui surtout des discours; la Sentencia rédigée en 394 pour le concile de Bagai, les discours prononcés à la conférences de Carthage et les sermons prononcés après cette conférence. L'orateur apparaît à travers cette œuvre, un avocat.

Saint Augustin : né en 354 à Thagaste (Souk-Ahras), mort en 430. Il fit ses études à Thagaste, puis à Madaure et Carthage. L'oeuvre littéraire d'Augustin est immense, elle remplit .quatorze volumes de la Patrologie latine de Mignet. Deux ouvrages immergent ; la Cité de Dieu, ou il oppose aux éphémères cités terrestres la cité éternelle de Dieu et les Confessions, œuvre autobiographique où il se montre tel qu'il fut "un homme livré à ses propres forces, à ses péchés".

 Mahfoud KADDACHE : l'Algérie des Algériens de la préhistoire à 1954, éditions Paris Méditerranée, 2003. Pages 111-119.


Tag(s) : #Histoire
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :