Quand j’ai fait la connaissance virtuelle avec Dahbia, il y a des années, elle est revenue vivre à
son village d’origine où elle avait déjà passé une partie de sa jeunesse jusqu’en 1962. Je me suis rendu chez elle à At Eurbah avec ma petite camera pour la rencontrer et en apprendre un peu plus sur cette femme d’exception.
Elle a passé une grande partie de sa vie dans l’Algérois où elle avait assumé son rôle naturellement, d’épouse, de maman et de fonctionnaire. Militante de la première heure, elle n’a pu maintenir longtemps l’équilibre fragile de son action dans une démocratie relative, où la femme est considérée mineure à vie.
Elle revient seule en Kabylie où elle se voue avec passion, aux activités ancestrales, apiculture, agriculture, etc. qui lui assurent l’autonomie et indépendance. Dès qu’on rencontre Dahbia, on est de suite marqué, par son intelligence, sa douceur, sa sagesse, sa sensibilité…
Il y a peu de temps, notre conversation par messagerie Facebook au sujet d’un projet d’écriture, m’a bouleversé :
“ …Je voudrais bien te faire la promesse d’essayer mais je vais sûrement faillir à ma parole.
Tout me parait si vain…“me disait-elle.
Là j’ai compris que mal qui la ronge de l’intérieur aura raison d’elle. Elle est restée sereine, courageuse, fidèle à ses principes à son universalité…
Il me plaît de continuer de croire, que chez nous on ne meurt pas. Le départ de Dahbia Benbrahim, en ce 14 mars 2020, est simplement un voyage dans l’espace et le temps, je suis sûr qu’on la verra encore la haut sur la montagne, butiner sa pivoine préférée et récolter son miel.