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               J'aurais tant aimé, que ce soit encore une nouvelle rumeur, j’ai revérifié l’information,  hélas Idir est vraiment parti cette fois, c'est sa fille Tanina, qui a fait l'annonce  sur la page Facebook. "Nous avons le regret de vous annoncer le décès de notre père [à tous], Idir, le samedi 2 mai à 21 h 30. Repose en paix, papa". 

                Depuis plus de quarante ans, à plusieurs reprises, on nous a annoncé le décès de Idir. Ce qui était alors  plausible, car il était une cible. A lui seul, le chanteur Kabyle, il était perçu comme un parti politique d'opposition très puissant, tant ses chansons de véritables chefs d’œuvres, porteuses de messages clairs dans lesquelles tous les Berbères du monde se retrouvent et cela déplaisait beaucoup ... Mais quand bien même sa mort est réelle, et peu importe le lieu où ses proches l'enterreront, vu les circonstances actuelles, Idir est immortel, "même s'il nous a quitté, il nous a laissé", "Yass idja yagh, idja yaghd". Une œuvre monumentale, impérissable, un trésor qui sera préservé éternellement... Chez nous déjà, on ne meurt pas, on s'en va simplement, on se libère de l'enveloppe charnelle pour permettre à l'âme d’aller où bon lui semble, sans contrainte de l'espace et du temps. De plus, les artistes ne meurent jamais ... 

Réactions çà et là :  

Ghenima Kemkem rdtdSponso nm
red
 03 mai 2020 à 9 h 30

Idir, un artiste hors pair, un humaniste né
Il a porté haut et fort la culture kabyle à travers ses chansons. Il l’avait fait à une époque où il était impensable de le faire tant la parole était muselée surtout en ce qui concerne les questions identitaire et culturelle berbères. Ces questions qui lui collent à la peau, et il en sortira des œuvres exceptionnelles qui dépasseront sa terre natale. Ainsi, « Vava Inouva,Azwaw, imnayen, amliyi, a yalkhir inou et bien d’autres en
core, prendront leur place à l’échelle universelle. Il avait opté pour la qualité, ce qui explique peut-être une discographie peu abondante mais la qualité a payé et a fait de lui l’un des plus grands ambassadeurs de la chanson kabyle. Bien plus, sa popularité va vite dépasser sa communauté. Il avait aussi chanté avec les plus grands.
Sa modestie, le respect qu’il voue aux autres et sa sérénité devant les questions délicates qu’il traitait avec finesse, son engagement et son pacifisme feront de lui un artiste aimé de tous. Ce qui fera dire au sociologue Pierre Bourdieu : « Ce n’est pas un chanteur comme les autres. C’est un membre de chaque famille.»
Idir, de son vrai nom, Hamid Cheriet, vivait en dehors de sa terre natale, mais il ne l’avait jamais vraiment quittée. Il l’avait portée dans son cœur et elle lui collait à la peau. Il l’avait exprimée dans ses chansons à chaque fois et de manière la plus douloureuse parfois, douce et belle par d’autres.
Il n’hésitait pas non plus à prendre la parole et à s’exprimer chaque fois que des questions délicates et les problèmes de son pays l’interpellaient. Evoquant les manifestations populaires en Algérie, il déclarait au Journal du dimanche, en avril 2019, lors d’une interview :
« J’ai tout aimé de ces manifestations : l’intelligence de cette jeunesse, son humour, sa détermination à rester pacifique (...) J’avoue avoir vécu ces instants de grâce depuis le 22 février comme des bouffées d’oxygène. Atteint d’une fibrose pulmonaire, je sais de quoi je parle. De toute façon, nous sommes condamnés à réussir. Continuons donc à réfléchir en termes de nation algérienne vers le progrès. Si nous restons unis, rien ni personne ne pourra nous défaire ».
Un message fort à méditer qui sera, je l’espère, entendu.
Il a inscrit en lettres d’or son nom dans la chanson kabyle. Il est entré par la grande porte dans l’universalité grâce à ses valeurs d’humaniste né.
Idir, demeurera vivant dans les cœurs et dans l’Histoire. Son combat sera relayé par tous ceux qui sont épris de liberté.
Qu’il repose en paix, de cette paix qu’il a toujours recherchée et défendue de tout son être.

Ghenima Kemkem Alger, le 3 avril 2020.à 9 h 30 

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MORT D'IDIR : LE PEUPLE KABYLE SANS VOIX

Par Jacques Denis

L'«icône de l'art algérien», connu notamment pour «A Vava Inouva», est mort samedi à l'âge de 70 ans.

L’hécatombe, c’est le mot qui revient désormais dans le flux des réseaux tant les morts se succèdent du côté de la musique. Dernier en date, Idir, 70 ans, annoncé par la famille sur la page officielle de Facebook : «Nous avons le regret de vous annoncer le décès de notre père [à tous], Idir, samedi à 21h30. Repose en paix, papa.» Un message pudique, à l’image du personnage qui restera dans la mémoire collective comme l’une des principales voix (avec Lounis Aït Menguellet) du peuple kabyle, dans laquelle se reconnaissait plus largement la communauté maghrébine des deux côtés de la Méditerranée. Ce que confirment les témoignages, rassemblant bien au-delà des questions d’âges et de genres. Ces messages d’anonymes, ou de gens du «métier» comme on dit, en disent autrement plus long du chagrin que celui du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, qui salue «une icône de l’art algérien». «Avec sa disparition, l’Algérie perd un de ses monuments.» Et comment.«Il y a des matins comme ça où l’on se réveille triste, les larmes aux yeux. Bercée depuis toujours par sa musique, comme A Vava Inouva, que j’aime tellement. Allah y rahmou…» écrit sur Twitter Rania, figure de l’ombre de Radio Nova. «Mon idole… Ça brise le cœur», poursuit simplement le turbulent raïman Sofiane Saidi. «Tu as porté par ta voix fragile et douce et par tes mélodies intemporelles la chanson amazigh à une échelle internationale. Tu auras marqué par ta constance et ta pudeur la scène nord-africaine et inscrit avec patience dans son patrimoine l’art du chansonnier à guitare à jamais», écrit ainsi le Marocain Mounir Kabbaj, très actif à porter les sons de la nouvelle génération, pas né quand Idir triomphait avec A Vava Inouva.

«Atmosphère magique des veillées»

C’était au beau milieu des années 70, et le jeune poète qui venait de s’installer à Paris, signait d’emblée un succès planétaire. La berceuse, reprise en de multiples versions, s’impose sur les ondes d’un Hexagone encore peu enclin à écouter les voix d’ailleurs. Cette simple chanson folk dans le grand boucan du monde d’alors s’inspire d’un conte des villages haut perchés de Kabylie, ceux-là même où ce fils de berger né en 1949 sous le nom de Hamid Cheriet a grandi. «J’ai eu la chance d’avoir une grand-mère et une mère poétesses, disait-il à Libération en 2013. On venait de loin pour les écouter. J’ai baigné dans l’atmosphère magique des veillées où l’on racontait des contes et des énigmes. Dans une société de culture orale, la valeur du mot est immense.» Lui aura su donner des lettres de noblesse à cette tradition, retranscrire en paroles et musique l’âme de tout un peuple.

Sans jamais avoir été mû par un banal plan de carrière, plus sujet à la fameuse loi du karma : c’est encore étudiant en géologie qu’il enregistre la bientôt fameuse chanson douce à Radio Alger, en remplacement de la chanteuse pour laquelle il avait écrit. Et alors qu’il fait son service militaire, le 45-tours ainsi gravé commence à essaimer, tant et si bien que Pathé-Marconi dresse l’oreille et fait tout pour qu’il vienne à Paris. Un an plus tard, son premier LP sort. C’est le début d’une légende qui jamais ne va pas se démentir, au fil d’une discographie pourtant peu prolixe.

Le mot juste

Ce porte-parole du peuple kabyle se montrera peu disert, choisissant avec parcimonie ses interventions : moins de dix disques, en quasiment cinquante ans de carrière, c’est dire si Idir choisit toujours le mot juste, s’il sculpte la moindre mélodie. A chaque fois ce chantre de l’altérité interroge les consciences et partage ses convictions. Une quête intime et poétique d’un artiste qui incarne mieux que quiconque la médiation entre la tradition et l’actualité, le tout-monde et l’hyperlocal. Homme de convictions, Idir sut choisir le parti de prendre son temps, et donc du recul face à l’actualité, pour d’autant mieux l’évoquer entre les lignes de ses chansons.  

Identités, Deux rives, un rêve, la France en couleurs, ou encore récemment Ici et ailleurs, album peuplé de duos (Lavilliers, Aznavour, Grand Corps malade…), les titres de ces recueils témoignent des questionnements qui auront constamment habité la pensée d’Idir, enraciné dans sa Kabylie natale et connecté au monde entier. Toujours soucieux du devenir de son pays, où il reviendra aux premiers jours de 2018 chanter pour le nouvel an berbère, après trente-huit ans d’absence. Comme lors de cet entretien à El Watan en mai 2017 où ce fervent partisan des révolutions de jasmin déclarait, non sans une vision prémonitoire : «L’urgence c’est de rétablir l’Etat de droit. Très vite. L’urgence, c’est de refaire les fondements de l’Etat. Et en plus se débarrasser de cette satanée idéologie qui nous mène vers la régression. Un pays jeune qui ne demande qu’à vivre avec un talent inouï. Toutes langues confondues. On sent que ça bouge. Ces jeunes sont en train de dire "bye bye" aux dirigeants qui restent flegmatiques, derrière.»  

                                                  Jacques Denis

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Kacem Achite   03/mai 2020 à 12 H 

Toute mort fait de la peine. Celle d'un homme de talent de dimension universelle est absolument consternante. Elle parvient à convaincre, plus que toute autre, du caractère tragique de la vie: tout a une fin et seules survivent, pour un temps toujours éphémère, les idées, les œuvres et les images de celles et ceux que le destin a favorisé de dons uniques. Idir s'en va au bout d'un parcours fulgurant au terme duquel il a sorti de ses ghettos des temps jadis la culture la plus expressive de notre peuple: ses contes les plus significatifs de son plus fécond vécu , ses berceuses et poésies les plus charmeuses..... Comme nul autre, Idir a fait dans une sorte d'apostolat en faisant aimer la culture amazighe dont il clamait l'ancrage historique, la dimension humaine, humaniste plutôt, et, imparablement, son caractère universel incontestable. Ces quelques mots spontanés pour dire la tristesse et le regret que suscite la fin de vie d'un artiste d'exception, d'un homme de culture dont la dimension se mesurera davantage demain lorsque les Algériens sauront apprécier, derrière des rythmes et une voix, le message éternel de Idir. Le monde des femmes et des hommes qu'aucune barrière politique, religieuse, idéologique ne sépare pleureront longtemps en réécoutant le chanteur à enterrer. Son nom honorera sa famille, aux Ait Yenni on les appelle At Larvi, les villages de sa tribu natale et de la Kabylie, de l'Algérie entière des Aurès, du Chenoua, de l'Ouarsenis et du Hoggar....du Rif et de l'Atlas, de Djerba et de Djebel El Akhdar...! Que Dieu le couvre de Sa miséricorde et apporte à sa famille et à tous ceux qu'il savait tant émouvoir le courage et le réconfort dont ils ont tous besoin. A Dieu nous appartenons, à Lui nous retournerons.

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Yasmina Khadra                                                   

L'ENVOL DU ROSSIGNOL

Idir nous a quittés. Il s’en est allé sur la pointe des pieds pour ne déranger personne. Il s’est éteint comme un chant d’été à la fin de la colonie, comme se taisent les légendes en Algérie, son pays, son angoisse, son inconsolable litanie. Idir n’a fait que quitter un exil de transition pour un exil définitif puisqu’il a été contraint de quitter sa terre natale pour aller chercher ailleurs l’écho de sa voix, tel un troubadour errant en quête de sa voie. Il va beaucoup manquer à nos joies si chahutées de nos jours par nos peines et nos désillusions, mais son absence sera pour nous, Algériens, et pour ses fans de partout, un grand moment de recueillement. Quant à son silence de mortel, ce n’est que politesse afin que retentisse l’hymne de toutes les résiliences, des montagnes de Kabylie jusqu’aux confins de l’Atakor, et du vertigineux Tassili aux plages de Ben M’hidi.
J’ai rencontré Idir trois petites fois. La première, à Chenoua-plage vers la fin des années 1960. La deuxième, au CCA à Paris que je dirigeais, lorsqu’il avait accepté d’animer bénévolement deux soirées d’affilée tant la demande était immense et la salle si minuscule pour un artiste de son envergure. La troisième, lors d’un concert auquel il nous avait conviés, mon épouse, mes enfants et moi, à Vitrolles, une ville de Provence. Mais mon meilleur souvenir a eu lieu en Inde, à un festival du livre, il y a une dizaine d’année. Un riche lecteur avait offert une soirée en mon honneur. Il avait une surprise pour moi. Lors du dîner, une troupe de danseuses en sari flamboyant nous a gratifiés d’un superbe ballet tandis qu’une chorale chantait Ava Inouva…. en hindi. Ce fut une très belle surprise.
Repose en paix, Idir. Et dors bien. Nous continuerons tes rêves en écoutant les chansons que tu nous as léguées en guise de patrimoine.

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Cherif Smoun  03 mai 2020 à 16 h 

Une étoile qui brillera longtemps encore , s'est éclipsée. Idir est parti rejoindre le royaume où trônent les autres étoiles parties avant lui. On ne disparaît pas quand on a laissé des traces indélébiles dans un paysage tatoué par une histoire tourmentée d'un peuple.
Avec lui, la culture Amazigh a retrouvé un nouvel éclat. Il a permis à cette culture de se hisser vers d'autres firmaments. C'est un génie qui a su allier une culture que les mauvais génies prétendaient éculée, à une modernité de laquelle elle s'abreuva. Au delà de la Kabylie, au delà de l'Algérie et même au delà de Tamazgha, Idir est l'étendard des peuples engagés dans la lutte identitaire . 
Il est parti en laissant un champ défriché.
Les dictatures n'y peuvent rien devant l'envergure de l'œuvre et de la personnalité de l'auteur.

Repose en Paix.

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Djafer Messaoudi  le 03 mai à 20 H

« Mort ; ai-je dit ? IL n’y a pas de mort. Seulement un changement de mondes » propos attribués au chef Indien Seattle
Idir
Jamais oubliées les collines, ni d’ailleurs la montagne
Les corps meurent l’œuvre se réveille
Revisite la mémoire
Sur les pages d’un livre
Sur les rimes d’un poème
Au son d’une flute
Vibration d’une corde de guitare
Suspendent le temps et nous mettre
Dans le berceau de l’éternité
Corps fourbus et mains calleuses accrochées
A une terre enlacée par la majesté des oliviers
Témoins d’une vieille histoire que perpétue
Mon fils, ton fils
Nos enfants qui s’abreuvent à la première source d’un conte
Puis
A l’avant dernière source d’une chanson
Je me souviens d’une berceuse, d’une douceur, d’un rire d’enfant
D’un feu de bois allumé pour l’éternité

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Ali Mammeri  03 mai 2020 à 18 h 

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Nous sommes tous orphelins. Hamid Cheriet dit Idir vient de nous quitter pour rejoindre une seconde étoile qu'il a magnifié dans son oeuvre. Cette étoile n'est autre que Mouloud Mammeri issu de la même colline que lui.
Idir a fait sortir du ghetto une culture plusieurs fois millénaire qu'il a amarrée dans l'universalité.
Idir a bercé par ses mélodies qui ont fait le tour du monde, plusieurs générations.
Dans les temps de larmes, de sang et de désespoir, Idir a vaillamment
 résisté aux premières loges avec Tahar Djaout au sein de la famille qui avance.
Idir vivra toujours parmi nous et son oeuvre sera comme une sentinelle qui veillera en permanence sur tous les enfants de Tamazgha.
S gunfu di talwit à miss n At Yenn
i.

 

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Louhal Nourreddine, triste, avec Yasmine Louhal. 03 mai 2020
teSpos

S'bah El Kheir Âalikoum mes ami(e)s! N'harkoum Mabrouk! Je n’oublierai jamais l’instant magique où fusa de mon transistor les premières notes de l’immortelle « Avava Inouva » (Mon papa à moi) du chanteur Idir né Hamid Cheriet, né le 25 octobre 1949 à Ait Yenni et mort le 2 mai 2020. Qui aurait cru que cette chanson de la Face « A » du disque 45t allait être diffusée dans 77 pays et traduite en quinze langues, dont la version française qui a été interprétée en 1975 par le duo David Jisse et Dominique Marge en 1976 ? Et puis vint l'autre opus « Assendu » que l’on écoutait chez le disquaire de la rue Mustapha-Ferroukhi (ex-Richelieu) avant la sortie en 1976 de son album de légende, un disque 33t où il y’a la compilation de ses plus belles chansons. Et en dépit du succès, Idir disait : «J’avais un message à faire passer et c’est fait ! Je ne suis pas un chanteur à paillettes». A ce propos, j’ai eu la chance de rencontrer l’homme ! Cet être « simple, » et débordant de bonhomie mais aussi d’un capital de contes qu’il a tété d’« une grand-mère et une mère poétesses » qu’il disait. A nous deux, nous débattions de thèmes divers, notamment de l’époque bénie des seventies où fusa des cœurs d’une jeunesse prospère, la rébellion de Djamel Allem (1947-2018), Noureddine Hassani dit « Nourredine Chenoud » et bien d’autres qui allaient poser les jalons de la lutte identitaire. Qu’elle était belle cette Algérie qui s’irriguait de la sève d’une jeunesse porteuse d’idées mais aussi de progrès. Repose en paix l’artiste et que la terre de tes ancêtres te soit légère ! Sois-en sur que tes fans de l’époque des années 1970 et toutes générations confondues qui ont fredonnés Avava Inouva ne t’oublieront jamais. Paix à ta belle âme.

                                      Alger, le 3 mai 2020, Louhal Nourreddine.

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Avslam Olivier Graïne , 04 mai 2020

IDIR. Sa mort était depuis des mois une certitude mais je refusais au fond de moi de l'accepter, je voulais croire en un miracle médical mais, la nouvelle tant redoutée est tombée et je suis abasourdi. Je devais lui présenter chez lui la sculpture que je lui ai consacrée pour la fin mars mais, la Pandémie du Covid-19 on a décidé autrement. Ce sera à At Yanni que je la présenterai quand les vols reprendront et je prends déjà l'engagement de lui consacrer une statue digne de son génie qui sera érigée à At Lahcène. Mes sincères condoléances à sa famille.

Avslam Olivier Graïne

Idir est parti !

Il me plait de partager ce texte, dont je méconnais le signataire, que vient de partager mon ami Djamel Benrabah qui rend hommage à Idir qui vient de nous quitter :

"Vava inuva s'est tu, la baratte s'est figée. Suspendue à sa corde, elle pleure l'enfant des hautes montagnes
Amendil awragh est en berne, Azwaw l'a soigneusement plié puis l'a remis à Mohand Affehli pour accompagner notre rossignol à sa dernière demeure.
Vas idir reposes en paix au panthéon des artistes et des justes.
De Thama uffela ou tu as vu le jour à Paris d'où tu as semé la graine de de ta culture ancestrale à travers le monde, les larmes coulent , hommes femmes et enfants te pleurent.
Si tu rencontre Aznavour dis lui que la bohème nous habite toujours et que même si l'espoir est desservi, nous ne quitterons jamais agraw que tu as si fidèlement et courageusement consolidé avec ta franchise et ta grande humilité.
Ta sagesse, ton érudition et ta clairvoyance dépasseront la lourde et profonde tristesse de ton départ vers l'éternel car ton souvenir en nous luira toujours comme cette étoile au firmament ou ton âme ira pour un repos éternel et ta voix retentira toujours du haut de nos montagnes d'où son écho ira chanter la paix et l'espoir au monde entier.
Repose en paix enfant de thama uffela, argaz n'ath yenni, artiste algérien et citoyen du monde.
Comme disait Lamartine:
Ainsi toujours poussé, vers de nouveaux rivages
Dans la nuit éternel, emporté sans retour
Ne pourrons nous jamais, sur l'océan des âges
Jetter l'ancre, un seul jour.
Reposes en paix Idir"

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Djamila Mila Cheriet  (La petite sœur de Idir)
le 05/05/2020 à 12 H 

Je ne s'aurai jamais vous remercier pour vos sincères condoléances mon frère et le votre
Thanina cheriet vous dit aussi en larmes... mon père est votre père aussi en ce moment nous sommes orphelins toutes et tous dans sa maison est dans les pires des deuils avec mille et une réflexion relatives à son enterrement lieu date ???impossible de les définir compte tenu des conditions de vie actuelles trop cruelles pour nous .....que vous connaissez ..
Ses enfants et sa proche famille vous promet là ou là-bas on le sais pas sinon sachez que la terre de dieu est partout pareille....
Il aura tôt ou tard un enterrement de roi comme vous le souhaitez sa famille...son village ses fans...ses amis
Je pleure!!!! je le pleure!! ce saint homme ....je le pleure avec mes larmes SECRÈTES que j'ai caché rien que pour lui.

 

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Idir, quatre Lettres et un grand destin 

 Par  Pr. Mohamed Lahlou 07/05/2020

Idir nous a quittés alors que le Monde est plombé par les douleurs de la pandémie. Il nous a quittés en laissant dans notre petit monde intime la tristesse de l’Absent. Nous le savions malade, très malade, nous ne pensions pas qu’il allait mourir. Il a tellement fait partie de nous, que nous le pensions immortel, comme tous ces symboles qui ne meurent jamais. Nous pensions qu’il était immortel comme son nom, comme le patriarche Vava Inouva.

De son vrai nom Hamid Cheriet, Idir un nom si court et si simple, deviendra le grand Idir pour le monde entier et le toujours Hamid pour nous. On se demandera toujours comment une éternité culturelle naîtrait d’une si simple et si douce mélodie rejaillie des entrailles de la mémoire collective, des chants d’une tradition ancestrale transmise de génération en génération et de bouche en bouche.

Les escaliers de la bibliothèque universitaire

Idir, le chanteur, est né au début des années 1970, alors que la berbérité était éreinté par le confinement de l’idéologie de l’exclusion et alors que commençaient à pousser les timides lueurs et les premiers balbutiements de la protestation. Idir est, en effet, né de ce sentiment naïf et sain que tout était dans notre passé dont nous pouvions faire l’avenir et dont nous rêvions si craintivement, mais avec, au fond, bien de la fierté aussi dissimulée qu’elle pouvait l’être. Avec sa chanson, Idir était devenu une espèce rare de ces leaders politiques troubadours, à la Bob Dylan et à la Joan Baez ; avec Vava Inouva, il devenait le déclencheur d’un éveil dissimulé dans la mélodie d’une berceuse. Il se passait, avec lui, quelque chose que personne n’avait imaginé ; cette chanson sauvée par la mémoire des grands-mères allait chaque jour, un peu plus, devenir un «tube» mondial.

Pourtant, tout avait commencé si simplement, si docilement et si secrètement à la fois. Hamid Cheriet qui avait la passion de ses études de géologie et celle, plus secrète, des sons de sa guitare, s’asseyait avec un petit groupe sur les escaliers de la bibliothèque universitaire d’Alger, pour gratter quelques notes de musique, avant qu’un jour ne naisse cette étincelle qui allait éclairer la chanson kabyle et, au-delà même, la sincérité d’une quête de soi et d’un sentiment d’épanouissement.

C’était un jour de 1972, toujours sur les mêmes escaliers, Hamid accompagnait délicatement ses notes de musique des paroles de Vava Inouva. Parmi ce petit groupe de copains, il y avait une autre voix, une voix douce et gentille, celle de d’une camarade qui reprenait posément les paroles de Hamid, comme pour répéter les berceuses au coin du feu. C’était une étudiante, comme lui, Nacira qui venait d’une petite ville du Sud, qui ne connaissait pas un mot de kabyle mais qui avait la voix et la parole justes, pour répondre en écho à Hamid, dans un parfait duo chanté. Ce qui n’était qu’un jeu d’amusement au milieu d’un groupe de copains, allait trouver, quelques semaines plus tard, une scène, une scène inattendue et inespérée qui deviendra le point de départ d’une immense carrière.

La Fête des Cerises

Tout allait commencer, en 1973, à Larbaa Nath Irathen qui était devenue par le Saint des cerises, un lieu où convergeaient les désirs de se retrouver et de se ressourcer. Aux Cerises d’Icherridhen dont parlait l’écrivain Jules Roy, venait s’ajouter le sentiment d’exister culturellement, avec cette mémoire de la résistance de 1870 durant laquelle les cerises représentaient «le sang versé pour une cause sacrée».

Les organisateurs de la «Fête des Cerises» de Larbaa Nath Irathen avaient, dans leur spontanéité, prévu une manifestation culturelle au cours de laquelle devait se produire la troupe Imazighen Imoula qui faisait à la fois du théâtre, de la musique et tout ce qui pouvait ressembler à de la culture. A l’époque, tout était bon à prendre ! C’est à cette occasion que nous avions convaincu Hamid de monter sur scène, avec Nacira, pour chanter, pour la première fois, sur scène, Avava Inouva.

Ce fut un triomphe ! Idir était né, avec lui un grand chanteur qui ne se savait pas. La salle reprit le chant «Aker ammis umazigh» avec le drapeau national et le garde à vous des gendarmes présents pour contrôler que «tout se passait normalement». C’était un moment irréel au cours duquel l’interdit se produisait avec liberté. Les cours de Mouloud Mammeri étaient transposés dans une salle de spectacle, à l’occasion d’une fête qui ne devait être que champêtre. Cette fête devint finalement un moment festif insoupçonné au cours duquel un certain Idir s’était fait connaître par un air et des paroles qui feront le tour du monde.

Ce fut une parenthèse et l’année d’après, la Fête des Cerises dégénéra par un affrontement entre la gendarmerie et des manifestants qui n’avaient pas accepté que l’on interdise la production de chanteurs kabyles. Qu’importe, le «la» était donné et la nouvelle vague de la chanson berbère allait prendre la suite de Slimane Azem, Cheikh Nouredine, Hsissen, Djamila et tous ces chanteurs nés pendant la colonisation et dont la voix avait été quelque peu suspendue, au nom de la révolution de l’uniformisation.

Idir était devenu le symbole de cette nouvelle culture des arts qui alliait les airs du passé et les instruments du temps présent. Idir venait de poursuivre la grande œuvre de Taos Amrouche qui avait sauvé les chants traditionnels de l’oubli, pour les transmettre dans les rythmes de la jeunesse de son temps.

Le s fit que, pour suppléer l’absence d’un chanteur qui devait se produire à la Chaîne 2 de la Radio d’Alger, on fit appel à Idir. Vava Inouva, après être monté à la petite salle des fêtes de Larbaa Nath Irathen, allait descendre à l’auditorium de la RTA. Le triomphe se répandait dans toute l’Algérie et Idir, ce prénom donné par Hamid pour ne pas être reconnu, allait devenir un nom connu et célébré en Algérie, avant de l’être dans le Monde.

La conquête du monde

Pendant quelques années, on perdit de vue Idir qui s’éclipsa de la scène, pour faire son service militaire, avant de partir à l’étranger, avec le sentiment qu’il serait mieux et qu’il serait, certainement, plus libre. Il faut dire qu’à l’époque, c’était le temps des lendemains où il ne risquait pas de chanter de sitôt ; les étals des marchés se vidaient et les paroles se bâillonnaient. Le devoir national accompli, Idir émigra pour quelques temps qui allaient durer très longtemps ; il le fit comme tant d’autres, comme tous ceux qui allaient connaître, à côté du sentiment d’être des exilés, celui d’avoir quelque part réussi à rendre grâce à l’épanouissement de leurs savoirs et de leurs dons.

A l’étranger, Idir allait réussir à donner à Vava Inouva un destin international. Les paroles des grands-mères, si longtemps confinées là-haut dans les villages de Kabylie, allaient voyager dans de nombreuses langues du monde pour être portées par les radios et les télévisions étrangères.

Ce conte merveilleux de Kabylie était fredonné par des chanteurs célèbres et des anonymes en grec, en français, en arabe, en espagnol et dans toutes ces autres que là-haut dans la montagne, on ne soupçonnait même pas qu’elles existaient.

Après la conquête des langues d’ici et d’ailleurs, Idir alla à la conquête des grands noms de la scène internationale, pour mêler sa voix à celle d’Aznavour, de Enrico Macias et de bien d’autres. Il n’oublia pas de mêler sa voix à Cheb Mami, son petit frère d’exil qui, lui, était venu du Rai et de Saïda pour porter un bout de cette culture algérienne qui s’était éteinte dans les commémorations officielles.

Le destin de Idir le chanteur et de Hamid l’homme s’est arrêté par une soirée du 2 mai 2020. Il manquera à la culture amazighe, à la culture algérienne et à la culture universelle, comme leur ont manqué avant lui, Taos Amrouche, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, Matoub Lounès et bien d’autres encore.

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IDIR nous a quitté dans la nuit d'hier à l'âge de 70 ans .

Rachid Oulbsir 03 mai 2020 à 04;08 .t

je presente mes condoléances les plus attristées à sa famille qui m'accueillait quand j’étais lycéen ( 1966 à Diar Saada) ! Quatre mois avant la sortie de son premier disque A vava inuva , il était en discussion avec Djamal Allam . Djamal lui dit : '' ce chant te lancera comme une étoile filante , le texte est plus qu'une braise dans nos entrailles , avec ton chant , elle ne nous brûlera plus . Le texte du géant Ben Mohamed nous sortira de l'inexistence ! Tu joues admirablement de la guitare , ce chant est le tien : Va te mettre au travail '' .
Le 45 tours sortit en 1973 à Alger ,avec deux chansons ( Vava Inuva et tamcahut n tsekkurt du poète de la Soummam Sidi Qala ) Nous étions une dizaine d'étudiants à le vendre à la fac centrale aux coopérants ( français et soviétiques ).
Repose en paix Hamid tu as accompli ton devoir .
Ton frère Rachid Oulebsir.

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Amin Zaoui: Enterrement d’Idir : la tombe est aussi un rempart contre l’oubli
(Ma chronique hebdomadaire SOUFFLES dans le quotidien Liberté du jeudi 07 mai 2020, le lien: https://www.liberte-algerie.com/…/enterrement-didir-la-tomb…)
Tout mon respect à la décision prise par la famille du chanteur Idir concernant le lieu de son enterrement. Que Dieu accueille son âme dans sa quiétude éternelle. Mais j’ai un souhait, comme beaucoup qui ont aimé et qui aiment Idir. Et cela n’est pas pour créer la polémique. Le sociologue Pierre Bourdieu (1930-2002), qui connaissait parfaitement la Kabylie, terre, culture et homme, disait d’Idir : “Ce n’est pas un chanteur comme les autres. C’est un membre de chaque famille.”
Parce qu’il est membre de ma famille, moi aussi, permettez-moi de dire mon souhait, dans un discours clair et direct : Idir mérite le repos éternel dans la terre de son père, le noble berger ! Tous les grands étaient des bergers ou fils des bergers ou presque. Jésus en faisait partie, il fut berger. Doublement triste, d’abord à cause de cette perte foudroyante d’un chanteur inégalé, un humaniste exceptionnel, mais aussi de voir une autre terre que celle de ses ancêtres prendre le corps d’Idir dans ses bras, pour l’éternité.
Certes, Idir est un chanteur international, un citoyen du monde, mais ce grand monde a un commencement et un centre. Et c’est le village Ath Lahcene, d’Ath Yenni, qui est ce début et ce centre. Tout mon respect à la décision de la famille d’Idir, du choix du lieu de l’enterrement. Mais je pense qu’Idir mérite de prendre la terre des ancêtres comme oreiller éternel.
Écouter sa musique et lui faire écouter la sienne. La terre kabyle sait comment parler à ses enfants élus, morts comme vivants, absents comme présents, proches ou lointains. Ils finiront par retourner dans son giron. La mort est mythique, et j’imagine Dda Hamid Idir, plongé dans sa quiétude divine, l’œil sur le Djurdjura. Idir est notre deuxième Djurdjura !
Certes, la décision de la famille est respectée, le choix de l’enterrer ailleurs est respecté, mais j’ai comme une forte douleur qui creuse profondément en moi, de voir la Kabylie et l’Algérie privées de la tombe d’Idir. La patrie, c’est aussi la tombe ! Depuis son enfance, la place éternelle d’Idir est réservée, à côté de son maître Dda l’Mouloud, Mouloud Mammeri.
Celui qui lui a enseigné les premières règles de la langue amazighe, à l’Université d’Alger. Sa place est à côté de ce Gardien d’Ath Yenni. Sa place éternelle, je l’imagine, est non loin de la tombe du Sage Aït Ahmed qui dort dans son village, Aïn El-Hammam. La place éternelle d’Idir, je l’imagine à côté du poète Tahar Djaout tombé sous les balles des islamistes ennemis de la différence et de la diversité, et qui dort à Oulkhou, sur les hauteurs d’Azeffoun.
Sa place éternelle est à côté de son frère jumeau Matoub Lounès, ce Rebelle parti très jeune, lui aussi, sous les balles haineuses des islamistes, et qui dort à Taourirt Moussa, Beni Douala. Ton repos immortel, je l’imagine non loin de Cherif Kheddam, enterré à Boumessaoud d’Iferhounène. Non loin de Mohamed Belhanafi, qui repose à Sidi Atmane, aux Ouacifs.
Avec tout le respect à la décision de sa petite famille, mais sa grande famille, du moins la majorité, souhaite voir son enfant dormir aux côtés des siens, afin de continuer à écouter les contes et les messages des aïeuls.Tout mon respect à la décision de la petite famille, mais permettez-moi de dire que les artistes à l’image d’Idir ne mourront jamais, mais la terre de leur maman est un appel éternel !
Même mort, une fois dans cette terre de Tamazgha, la tombe d’Idir continuera à sauvegarder ce patrimoine menacé par les racistes et les ignares de tous bords. Même dans son sommeil éternel, Idir est l’œil qui ne dort jamais. Même mort, cette terre de Dyhia, de Si Mohand Ou Mhand, de Fathma n Soumer, d’El-Haddad… a besoin de ses enfants-témoins, morts et vivants.
Ils sont dans leur mort comme dans leur vie les gardiens de la mémoire des ancêtres. Ils sont les passeurs de messages aux générations futures. Quand Cheikh El-Hasnaoui (1910-2002) a été enterré à Saint-Pierre, à la Réunion, son absence tombale est restée comme une blessure pour le village de Taâzbit.Quand le penseur et islamologue Mohamed Arkoun (1928-2010) a été enterré au Maroc, son absence tombale fut une amertume pour le village de Taourirt Mimoun d’Ath Yenni.
Certes, la décision de la famille d’Idir est irrévocable et dignement respectée, mais un souhait creuse en moi, celui de voir la création d’un grand musée autour de sa tombe, comprenant tout son précieux patrimoine musical et celui de la chanson kabyle en général. Ce musée représentera, sans doute, une autre ligne de défense contre les ennemis de la culture et de la langue amazighes.
Creuser une tombe dans la terre de Kabylie, ce n’est pas pour enterrer un enfant chéri, à l’image d’Idir, mais c’est pour dresser un rempart contre l’obscurité. Cher Idir, dans ce long combat, on avait toujours besoin de toi vivant, et pour la même cause, on a besoin de toi dans ta tombe. On ne veut pas déranger ta quiétude divine, mais pardonne-nous notre faiblesse.

A. Z.
aminzaoui@yahoo.fr

 

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Idir est parti !
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Tag(s) : #Hommages, #chanteurs
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