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le rossignol de kabylie
La Visite du Lieutenant Umez : Une Courtoisie Fatale pour Ahieddine

Dans "L’Hôte" d’Emmanuel Roblès, la rencontre entre le vieux poète kabyle Ahieddine et le lieutenant français Umez semble d’abord empreinte de respect et d’admiration. Pourtant, cette visite, aussi naïve et courtoise qu’elle paraisse, scelle le destin tragique du "Rossignol de Kabylie".
1. Une Rencontre en Apparence Inoffensive...
Le lieutenant Umez, contrairement à la plupart des militaires français en Algérie, ne vient pas en oppresseur, mais en admirateur. Il a lu les poèmes d’Ahieddine et veut lui rendre hommage. Leur échange est courtois, presque fraternel : Umez parle de littérature, écoute le vieil homme avec déférence, et semble sincère dans son approche. 
Cependant, cette scène idyllique se déroule dans un contexte de guerre (la guerre d’Algérie, 1954-1962), où toute interaction avec l’ennemi est suspecte. 
2. La Condamnation Invisible...
Sans le vouloir, Umez signe l’arrêt de mort d’Ahieddine. En se rendant chez lui, il expose le poète à deux dangers : 
- Aux yeux des combattants Moudjahidines (FLN) : Ahieddine est désormais un collaborateur potentiel. Le fait qu’un officier français soit venu le voir en toute impunité le rend suspect. 
- Aux yeux des colons et de l’armée française : Si Ahieddine est capable de recevoir un lieutenant, il pourrait aussi être un informateur ou un symbole de résistance culturelle. 
La simple présence d’Umez dans sa maison fait d’Ahieddine une cible, même si leur échange était purement littéraire. 
3. "L’Ironie Tragique de la Situation"
- "Umez croit honorer un artiste" = " Ibeliredj irouh a dhi soudhen mis, isdreghlith", mais il lui apporte la mort. 
- "Ahieddine, lui, n’a rien demandé" : il est victime d’un conflit qui dépasse la poésie. 
- "La culture ne peut pas toujours transcender la politique" : malgré leur humanité partagée, la guerre transforme leur rencontre en piège. 
4. Une Fin Inévitable ?
Roblès ne décrit pas explicitement le sort d’Ahieddine, mais l’implacable logique de la guerre laisse peu de doutes : 
- Soit il est exécuté par les siens pour "collaboration". 
- Soit il est arrêté par les Français comme symbole à éliminer. 
- Soit il survit, mais marqué à jamais par cette trahison involontaire. 

Conclusion : Une Allégorie de l’Impossible Neutralité 
Cette scène illustre le drame des intellectuels et artistes pris dans des guerres coloniales : 
- Ahieddine représente l’Algérie traditionnelle, déchirée entre préservation de sa culture et survie politique. 
- Umez incarne l’illusion du dialogue dans un système fondé sur la domination. (il est venu en paix, mais avec des armes)
En croyant bien faire, le lieutenant a précipité la chute du Rossignol. La nouvelle pose ainsi une question amère : peut-on rester un simple poète ou artiste, quand la guerre vous somme de choisir un camp ?
Cette scène rappelle que, dans les guerres coloniales, même les gestes et les mots, les plus innocents peuvent être mortels.
J'étais très jeune, on a vécu des situations identiques au village.

PS. L'aspect technique est déjà traité ici : 

" Scénario de film" 

 

 

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