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DSC00621.JPG Des rencontres avec des intervenants locaux puis une mission de reconnaissance menée en juillet 2008 ont permis de signer une convention avec l’association Taneflith. Nos partenaires kabyles désirent agir pour la croissance économique, culturelle, sociale de leur région, de leur pays. « Taneflith » signifie « développement » en Amazigh, langue berbère.

En août 2008 naissait la première antenne d’ICD-Afrique au Maghreb : elle est basée à Tizi Ouzou, en Kabylie, à 100 km à l’Est d’Alger.

Les projets portés par Taneflith et qui seront soutenus par ICD-Afrique concernent :

- l’artisanat  : la qualité des tapis, des poteries et des bijoux créés localement incite à tisser des liens pour faire connaître à tous ces œuvres

- l’agro-pastoralisme : susciter la réflexion et la concertation des éleveurs sur leur pratique permettra d’allier augmentation des revenus et préservation des ressources naturelles

- la micro-hydraulique  : un impluvium devrait bientôt voir le jour et la pluie, optimisant le circuit de l’eau ruisselante pour l’épanouissement des racines alentours

- la sensibilisation à la protection de l’environnement : « Petit-Yanni », un porteur de messages imaginé par des collégiens kabyles, n’a besoin que de l’ouverture de quelques portes pour pouvoir cheminer et grandir

D’autres projets suivront, lorsque que ceux-ci auront suffisamment avancé…

Un contact : le chef d’antenne ICD-Afrique à Tizi Ouzou, Ramdane Ladaouri :

r_ladaouri@yahoo.fr

Tél. : 00213 7 72 89 98 33

http://www.icd-afrique.org/spip.php?article20

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Livre d’Or des droits de l’Enfant

 

Taneflith a le projet d’amener des enfants kabyles à créer, à partir d’œuvres artistiques, un Livre d’Or sur les droits de l’Enfant. Cette production sera accompagnée de la création d’une pièce de Théâtre, d’une BD, de poèmes et d’un DVD.

 

« Ce projet participe d’une prise de conscience humaniste de la société algérienne et permettra une avancée sociale. Par le biais des enfants, nous souhaitons amener la société à reconsidérer la notion des Droits de l’Enfant et amener par la suite les décideurs à prendre en compte cette question.

 

Une connaissance réelle des articles de la Charte des droits des enfants, qui sont de futurs adultes, va amener ces derniers à comprendre mieux leur citoyenneté et à s’impliquer un peu plus dans la gestion de la cité car ils auront compris la notion du droit et du devoir.

 

 

Ce projet éducatif va renforcer la construction d’une société civile responsable et tolérante mais surtout respectueuse des valeurs humaines fondamentales. »

 

ICD-Afrique accompagne Taneflith de diverses façons : dans le montage et la conduite du projet ; dans la mise à disposition, une fois par trimestre, d’un animateur artistique ; par l’organisation des échanges entre les jeunes des deux rives, à travers des jumelages scolaires et un site internet.

 

Les Ambassades de France et de Hollande en Algérie ont été sollicitées pour soutenir ce projet. Est également associée l’association Tharwa N’Fadhma N’Soumeur, oeuvrant pour l’amélioration de la situation économique et sociale des femmes algériennes.

 

 

CARNET DE BORD

 

Henri Dalbiès, Président d’ICD-Afrique, Kader Bekkar et moi-même, Françoise Reynier, Secrétaire d’ICD-Afrique, novice dans le domaine de la coopération internationale, séjournons en Algérie, du 20 au 27 juillet 2008. Notre objectif est d’évaluer comment nous pourrons soutenir l’association kabyle « Taneflith » ; cela signifie « développement » et souligne notre point commun : contribuer au développement économique du pays. Nous sommes basés à Béni Yanni et pilotés par Ramdane : Président de Taneflith, son circuit nous permet de nous présenter aux responsables de diverses autorités et d’écouter les besoins.

 

 

Dimanche. Nous visitons Alger et discutons déjà vivement. Ourida, Présidente d’une association visant « l’égalité des femmes », nous accompagne. Elle explique leurs convictions, leur désir d’améliorer la reconnaissance de la femme dans le fonctionnement de la Société algérienne. Ses propos sont énergiques et peuvent surprendre mais ce dynamisme me semble utile pour que la cause soit entendue. Elle a mené avec Ramdane le « projet brebis », permettant à des femmes de travailler donc gagner de l’argent pour nourrir leurs enfants : un projet simple et concret qui rime avec efficacité.

 

Nous discutons l’idée de développer les voyages solidaires et éco-touristiques, pour la population locale et pour les émigrés qui pourraient ainsi mieux faire découvrir leur pays à leurs enfants. De nombreuses questions se soulèvent, comme le partenariat avec les associations déjà impliquées dans ce domaine, le lieu d’hébergement des touristes : un centre où ils seraient regroupés présente que chez des plus d’avantages habitants de villages. Ourida, Ramdane et nos hôtes (adorables et amis de Ramdane) pensent aussi que développer des circuits dans le respect d’une charte éthique aiderait les algériens à se distraire tout en se cultivant ; cela appellerait le sport à se développer, initierait l’habitude de se déplacer, changements qui contribueraient au dynamisme du pays.

 

Lundi, Ambassade de France. Les représentants du Service de Coopération et d’Action Culturelle nous incitent à initier des actions de coopération décentralisée. Passer par cette case départ nous encourage et souligne l’importance de rencontrer les responsables des diverses instances d’un pays avant d’entreprendre toute action de coopération.

 

Mardi, 80 km à l’est d’Alger, Kabylie. Le Président de l’Assemblée Populaire de la Wilaya de Tizi Ouzou, équivalent du « Président du Conseil Général », nous dit vouloir soutenir les associations si elles ne servent pas l’émigration clandestine. Il décline sa façon de considérer les partenariats : rigueur, fiabilité, dynamisme... Henri rappelle notre souci de non ingérence, délicat sujet... Comment naviguer entre nos idées et leurs solutions ? Comment articuler leurs connaissances du pays et nos connaissances de terrain sans nous mêler de ce qui ne nous regarde pas ? Quel que soit le pays, il me semble que la coopération n’autorise pas à bousculer les pratiques locales mais le requiert…

 

Plus loin dans les montagnes, à Ath Yanni, l’équipe de Taneflith nous rejoint et ne nous quittera plus, pour notre grande joie à tous. L’élu qui nous reçoit trouve que la population se laisse assister par l’Etat, que « les mentalités doivent être cultivées avant les olives. ». Il me semble que le mouvement associatif en augmentation indique que les habitants se saisissent de l’opportunité offerte en Algérie de créer des associations et qu’ils souhaitent peut-être quitter cette position d’assistanat…

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Nous rejoignons l’auberge de Béni Yanni, lieu de ralliement durant ce séjour. Le paysage qui sert de toile de fond à la terrasse est grandiose ; ces montagnes me donnent l’idée de développer l’activité du parapente, dans le respect d’une charte éthique pour veiller à préserver les habitants et la nature.

 

Mercredi, Tizi Ouzou. Le Directeur de l’Agriculture et son équipe nous exposent le « Plan de Proximité de Développement Rural Intégré » récemment crée par gouvernement. Excellent tremplin pour l’épanouissement des régions et la participation de la société civile, puisqu’un soutien financier de l’Etat permet d’initier des actions. Il suffit que les banques osent prêter la somme complémentaire pour que les projets se réalisent ; notre action, dans le cadre de la coopération internationale, ne pourrait-elle pas être d’aider les porteurs de projets à les penser dans leurs moindres détails pour que les banques n’aient pas à s’inquiéter ?

 

Une dimension à considérer pour mener des actions de développement agricole intégré est l’attachement des propriétaires fonciers à leurs terres : elles représentent leur histoire personnelle, laquelle n’a pas la même logique que la rentabilité et la mutualisation des moyens. Nous réfléchissons à l’idée de créer des « conseils de développement local » autour de quelques projets pilotes. Le dialogue autour de données concrètes me semble approprié pour donner envie aux agriculteurs, aux éleveurs, aux artisans de se rencontrer, se former, d’oser penser leur production dans un avenir, d’envisager leur complémentarité.

 

L’accueil du Directeur fut chaleureux et il semble prêt à collaborer avec nous, ce qui nous convient tout à fait, vu le dynamisme qui ressort des actions qu’il a déjà menées avec son équipe.

 

A la Direction de l’Environnement, on nous parle des Centres d’Enfouissement Techniques : il s’agit de déposer dans un même lieu les déchets pendant quelques années puis de les recouvrir de terre, ce qui vise à éviter que les habitants ne jettent leur détritus n’importe où. Notre interlocuteur est très motivé pour que la logique puisse aller jusqu’à son bout et initier un cercle vertueux : lorsque le tri sera mis en place, cela augmentera considérablement la durée de vie des C.E.T. De plus, le traitement des déchets créera une activité économique aux habitants, ce qui les sédentarisera et donc les amènera à mieux comprendre l’intérêt de la préservation de la faune et de la flore… Je suis aussi agréablement surprise d’entendre que les professionnels de ce service débutent une action vers les énergies renouvelables : même « encore timide », comme il nous est précisé, cela signifie que cette source du futur est prise en compte.

 

Le soir, Ali et Yazid, de Taneflith, et quelques collégiens nous présentent leur réalisation : en attendant que l’écologie soit au programme scolaire, ils ont « mis le narratif au service de l’explicatif » : ils ont écrit des contes qui racontent la vulnérabilité de la nature face à la stupidité humaine et déclinent des solutions envisageables pour protéger l’environnement. Chaque conte est écrit en kabyle, en arabe et en français. Sur fond de guitare, nous écoutons ces messages essentiels qui ont ainsi trouvé là un vecteur de propagation fabuleux que leurs auteurs ambitionnent de décliner de plusieurs façons –en pièce de théâtre par exemple. Nous sommes émus par la beauté des textes et par la motivation de ces jeunes. On dirait que la destruction de la nature par l’Homme permet de créer un pont entre les pays, puisqu’au-delà des frontières une cause nous est commune. Nous avons envie de soutenir l’expansion de ce projet, de le porter dans des collèges français, par exemple.

 

Jeudi. Le responsable du Parc National du Djurdjura nous explique qu’avec la création du P.P.D.R.I. sa mission est de plus en plus la protection et la promotion du patrimoine. Aux murs, les affiches vont dans ce sens : je n’avais pas imaginé qu’en Algérie autant de réunions étaient organisées sur le thème de l’environnement. Je me sens contente de constater cela, d’autant que les papillons des affiches concordent avec l’ambiance qui règne dans le bureau : Henri et le responsable du Parc sont sur la même longueur d’onde, leur enthousiasme est contagieux, les échanges sont passionnants -par exemple, sur les difficultés rencontrées pour protéger le Parc : des gens l’habitent et, en plus, leur précarité renforce leur insensibilité vis-à-vis de l’environnement ; le surpâturage est inquiétant… Des idées fusent, comme celle de proposer aux éleveurs un calendrier de pâturage ; d’inséminer les vaches pour améliorer la qualité de la viande, donc diminuer la taille des troupeaux ; de développer la filière du lait pour diversifier les revenus… Il faut d’abord que les hommes et femmes de terrain perçoivent les enjeux de la protection de la nature. Nous sommes tous d’accord avec le principe que la sensibilisation n’est possible qu’à partir de la rencontre et de l’écoute des éleveurs. Les réunions régulières permettront que chacun prenne autrui en considération.

 

Henri a rendez-vous avec une jeune femme candidate à l’émigration. Sa sœur, déjà en France, avait demandé à Henri qu’il la rencontre pour l’aider à quitter l’Algérie. La réalité du terrain est là, dans cette inquiétude qui pousse à choisir l’expatriation comme solution, et les associations comme soutien à ce projet. Il l’a rencontrée mais ne l’aidera pas à quitter son pays ; nous ne cautionnons que le contraire : le développement économique, à travers divers types de projets, pour que les algériens n’aient plus envie de quitter leur beau pays.

 

Vendredi. Dans le village d’Ait Hichem, deux tisserandes nous montrent leurs œuvres magnifiques et nous font l’état des lieux : les tapis se vendent moins bien qu’avant. Le matériel utilisé est la laine importée d’Espagne, traitée et teintée là-bas. La laine d’ici est supposée de mauvaise qualité, est difficile à travailler et ne retient pas les colorants naturels. Nous envisageons de les aider à vendre, en partenariat avec l’association française qui les soutient déjà. Une discussion débute : nous savons que ce qui est « vendeur » en France est le mot « traditionnel ». Mais est-il si important d’entretenir la tradition alors qu’elle peut maintenir les gens dans l’archaïsme et les amener à être sous-payés ?

 

Nous visitons Zoubga, village modèle : trois associations algériennes se sont alliées pour rendre le village attrayant, propre, respectueux de l’environnement, source d’harmonie, de quiétude ; les belles choses sont possibles quand la synergie existe.

 

Samedi, bilan de la semaine avec l’équipe de Taneflith. Nous sommes tous très enthousiastes et conscients qu’il ne nous reste « plus qu’à » passer des mots aux actions… Des projets se dessinent, concernant le développement agricole intégré, l’artisanat, la protection de l’environnement. Nous allons tous voir comment la motivation des autres perdure une fois l’effet dynamisant du groupe atténué.

 

En route vers Alger, nous faisons étape à Tizi Ouzou pour parler de voyages solidaires avec les responsables de l’agence de l’Entreprise (étatique) Touristique de Kabylie. L’E.T.K. gère quelques établissements hôteliers, dont l’auberge de Béni Yanni. La directrice se montre disposée à collaborer avec nous, ce qui me fait penser, une fois encore, à la synergie : j’imagine que leur connaissance de la Kabylie nous aiderait à affiner les circuits touristiques et que nous pourrions leur apporter la prise de distance qui leur permettra d’améliorer encore la qualité des établissements dont ils s’occupent.

 

J’ai été touchée de constater autant d’idées et d’envies tournées vers le développement de l’Algérie, de la part des membres d’associations mais aussi du personnel administratif. J’aime résumer ce séjour en disant que nous avons beaucoup travaillé et ri. Faute de place, ce carnet de bord n’aborde pas tous les sujets et parle trop peu de Taneflith, de leur capacité à partager les tâches pour qu’elles aboutissent ; j’aurais voulu raconter les soirées chaleureuses que les membres de Taneflith et nos hôtes d’Alger nous ont permis de vivre ; tous ces moments de discussions intenses où chaque avis était un ballon qu’on se jetait les uns aux autres pour voir comment il rebondissait… Toutes ces rencontres humaines et les ressources que nous avons senties chez les algériens me donnent des ailes pour les soutenir ; et pour revenir… Ah, j’oubliais : c’était mon premier voyage en Algérie.

 

 

 

 

 

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