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Souvenirs

          Au milieu des années soixante, deux ou trois ans depuis que je suis arrivé à Paris, venu de ma haute Kabylie natale, rejoindre mon père ouvrier chez Renault, j'avais alors 13 ans. J'habite donc avec mon père dans une chambre d’hôtel, au 27 Rue Pierre Leroux du 7e Arrondissement de Paris, transversale de la rue de Sèvres. À l'entrée de l'hôtel, juste à droite, une cave avec un escalier en bois pour y accéder, que le patron de l'hôtel, un Kabyle d'Akbou marié à une Française, loue à une trentaine de personnes d'Afrique subsahariennes. Quand les locataires ouvrent la porte pour évacuer l'air vicié, une odeur âcre s'étale parfois jusqu'à la rue et on voit à travers un brouillard de fumée, les lits superposés, qui nous instruits sur leurs conditions inhumaines, qui nous font presque oublier la nôtre. 

          Chaque jour, Au bon marché, rue de Sèvres, au sous sol, rayon électroménager, il y a toujours beaucoup de monde, des personnes âgées et des enfants, quand ils n’ont pas classe, viennent pour les télévisions ; pas pour acheter, car je suppose qu'ils n'ont pas les moyens mais pour les regarder. À cette époque, même à Paris, peu de foyers pouvaient se permettre d’acquérir un poste de télévision, d’où l’affluence de gens en ces lieux avec la bienveillance des employés et du patron, qui gentiment permettent qu’on regarde nos émissions préférées (en noir et blanc). Parfois je pars, le temps d’un Week-end ou pendant les vacances scolaires, chez les cousins à mon père, vivre des moments en famille, là, ils ont la télévision, les papas ont fait des efforts pour acquérir des extras avec des heures supplémentaires  et de seconds boulots et habiter dans les HLM… Dans ce sous sol du "Le bon marché" de la rue de sèvres, à des moments précis, une quinzaine de personnes, entre retraités et enfants, des habitués, probablement en situation précaire, se regroupent. On ne rate jamais “La séquence du jeune spectateur, Rin tintin, Thierry la fronde, Ivanhoë, Zorro, Belle et Sébastien, Saturnin et Pollux Le manège enchanté...“ . A l’étage supérieur, durant une certaine période, (que je confonds peut être avec une autre), on s’émerveille devant le maître verrier vénitien, qui travaille en public du verre fondu, il  réalise, un cheval, un cerf, une biche … en quelques secondes, le temps que le verre refroidisse. Le Bon marché est mon lieu magique, il est pour moi un endroit de rêve où je ne pouvais qu’admirer, je ne me souviens pas avoir acheter quoi que ce soit un jour, faute de moyens.

          Un matin, je trouve plus de monde au rayon électroménager, quelque peu modifié pour la circonstance, sur une estrade, des jeunes font la chaîne et d’autres, inclinées autour d’une personne. En m’approchant un peu plus, je reconnais alors, France Gall, toute jeune, belle et souriante. Mon cœur bat la chamade, une de mes artistes préférés, j’aime écouter ses chansons à la radio, notamment à l’émission “Salut les copains“. Souvent, je vais à l’école à pied pour économiser des sous pour acheter la revue du même nom, je découpe les photos, qui me plaisent et les colle à côté des chansons écrites sur mon cahier destiné à cet effet. Assise sur une chaise devant une petite table, elle signe ses disques 45 tours et ses photos. J’étais très timide et sans doute le seul brun dans la foule, qui plus est, avec un prénom qui me complexait beaucoup, “Mohamed“. A chaque fois que je me persuade de me mettre au bout de la chaîne pour lui demander un autographe, mon cœur bat encore plus vite, puis je fini par abandonner. Pendant des dizaines d’années je n’ai pas pu réécouter les premières chansons de France Gall que j’affectionne particulièrement, depuis l’arrivée d’Internet j'ai le plaisir de les retrouver et de voir sa fraîcheur angélique dans des vidéos archives.

          La nouvelle de sa mort m’a profondément attristée, elle n’avait que trois ans de plus que moi, sa disparition est d’autant plus affligeante quand on sait les terribles moments qu’elle avait vécus. Il me plaît de croire aujourd’hui, que là où elle est, dans son paradis blanc, elle pourra nous voir et savoir que ses fans ne l’oublieront jamais !                     

France Gall, souvenirs
France Gall, souvenirs

France Gallnom de scène d'Isabelle Gall, née le  dans le 12e arrondissement de Paris et morte le  à Neuilly-sur-Seine, est une chanteuse française.

Elle commence, enfant, à chanter et faire de la musique avec ses frères avant d'enregistrer son premier disque. Elle est le symbole d’une jeunesse gentiment irrévérencieuse avec des tubes tels que Sacré Charlemagne, repris par les chorales et les écoles. Sa popularité dépasse les frontières à partir de 1965, date à laquelle elle remporte le premier prix au Concours Eurovision de la chanson avec le titre Poupée de cire, poupée de son, composé par Serge Gainsbourg. Cette chanson est traduite dans de nombreuses langues et France Gall devient célèbre en Europe, en particulier en Italie, et surtout en Allemagne, où elle est très populaire au début des années 1970.

Par la suite, sa popularité s'estompe en France jusqu'à sa rencontre avec l'auteur-compositeur Michel Berger, qui, lui aussi, a débuté la musique adolescent. Il s’ensuit une série de succès musicaux, de 1974 jusqu'au début des années 1990, avec des chansons composées pour elle par Michel Berger (devenu son mari en 1976) comme La Déclaration d'amourSi, maman siIl jouait du piano deboutRésisteDébrancheDiego libre dans sa têteBabacarElla, elle l'a ou Évidemment.

Outre ses chansons, ce couple d’artistes lance l'opéra-rock Starmania et s’engage au Mali contre la famine et la sécheresse, notamment avec l’ONG Action école. France Gall et Michel Berger viennent de co-écrire un nouvel album lorsque le pianiste décède brutalement en août 1992. Après le décès de leur fille Pauline en 1997, elle quitte la scène. En hommage à Michel Berger, elle crée et veille aux représentations de la comédie musicale Résiste en 2015.

Débuts
 
France Gall en 1965.

Isabelle Gall donne son premier concert privé à Auxerre dans l'atelier de Noël Brochet, un cousin éloigné sculpteur.

Pendant les vacances de Pâques 1963, son père l'incite à enregistrer quelques chansons et remet les bandes à un éditeur musical, Denis Bourgeois. Le 11 juillet suivant, Denis Bourgeois lui fait passer une audition au théâtre des Champs-Élysées, où elle interprète cinq chansons5,N 2. Du fait qu'elle est encore mineure (majorité à 21 ans à l'époque), c'est son père qui signe pour elle le contrat chez Philips où Denis Bourgeois est déjà directeur artistique de Serge Gainsbourg. Elle enregistre quatre titres avec l'arrangeur Alain GoraguerN 3jazzmanet compositeur, qui a notamment travaillé avec Gainsbourg et Boris Vian.

Pour ne pas interférer avec Isabelle Aubret, alors grande vedette de la même maison de disques Philips, sa direction artistique impose une contrainte à Isabelle Gall : Denis Bourgeois lui demande de changer de prénom. Elle devient « France Gall » à la scène6. Ce prénom aurait été choisi par son père7 ou par Denis Bourgeois8, tous deux grands amateurs de rugby, pour faire un jeu de mot avec le match France-Galles de rugby, médiatisé lors de l'enregistrement de ses chansons7. Sur ce prénom France, la chanteuse commentera simplement plus tard6 :

« J’ai toujours été contre “France”, je trouvais que c’était trop dur. “Isabelle”, ça me correspondait, ça me plaisait. Je ne sais pas ce qui s’est passé pour que je me mette à aimer mon nom. Et maintenant c’est “France Gall”. C’est exactement moi. »

Le jour de ses seize ans, le , ses chansons sont diffusées pour la première fois à la radio. C'est le titre phare, Ne sois pas si bête, qui obtient le succès. France Gall se place à la 44e place du hit-parade de Salut les copains du mois de novembre (derrière Tu n'y crois pas de Michel Berger et devant La Mamma de Charles Aznavour). Denis Bourgeois a alors une idée qui va s'avérer fructueuse. La carrière de son poulain Serge Gainsbourg piétine malgré plusieurs albums à son actif, ainsi que des compositions estimées pour des chanteurs rive gauche, comme Michèle Arnaud ou Juliette Gréco. Il propose à Gainsbourg d'écrire pour France Gall. Le compositeur signe N'écoute pas les idoles sur le deuxième 45 tours de la chanteuse, titre qui se place en tête du hit-parade du mois de mars 1964. À propos de Serge Gainsbourg, France Gall confie6 :

« C’est quelqu’un que j’avais du plaisir à voir parce que je l’admirais et j’aimais ce qu’il écrivait. Et j’aimais bien sa timidité, son élégance et son éducation. C’était très agréable comme relation. […] J’étais très impressionnée que cet homme travaille pour moi et s’intéresse à moi… »

Avec le succès, elle quitte le lycée Paul-Valéry, où elle redoublait sa troisième5Paris Match du  lui consacre un article pour la première fois5. Elle fait ses premiers pas sur scène le , en première partie de Sacha Distel, à l'Ancienne Belgique de Bruxelles9. Elle hérite de l'impresario de ce dernier, Maurice Tézé, qui est également parolier. Sous la direction de cette équipe composée de vétérans du métier, France Gall a des difficultés à défendre le choix de son répertoire (la seule chanson qu’elle a coécrite, avec son père, est Pense à moi, sur une musique jazzy de Jacques Datin, un des quatre titres de son premier 45 tours).

Néanmoins, cette équipe lui permet de créer un répertoire original, alors que la plupart de ses collègues yéyés recourent systématiquement à des adaptations de succès anglo-saxons. Formée à cette école, elle confie plus tard10 :

« Une interprète, déjà qu'elle n'écrit pas les paroles et la musique, si en plus elle pique les chansons des autres, si elle ne crée pas la chanson, cela n'a pas un grand intérêt. »

Outre son père et son frère Patrice, elle doit ses succès des années 1960 à la plume de grands auteurs et compositeurs français, dont beaucoup d’œuvres s’inscrivent au patrimoine de la chanson populaire : Gérard BourgeoisJean-Pierre BourtayreVline BuggyPierre CourJoe DassinJacques DatinPierre DelanoëJean DréjacAlain GoraguerHubert GiraudGeorges LifermanGuy MagentaEddy MarnayAndré PoppJean-Michel RivatJean-Max RivièreGilles ThibautFrank ThomasMaurice Vidalin et Jean Wiéner. S’ils donnent à cette femme-enfant de la chanson francophone les textes souvent stéréotypés d’une adolescente vue par des adultes, c’est Serge Gainsbourg qui apporte la note insolite en la promouvant « Lolita française ». De plus, les orchestrations hautement élaborées du jazzman Alain Goraguer harmonisent et unifient le style de cette jeune chanteuse qui navigue entre jazz, chansons enfantines et équivoques. À la scène, elle est successivement accompagnée par les groupes « Patrick Samson et les Phéniciens » puis par « Les Français ».

Cette période voit sortir Jazz à gogo (paroles de Robert Gall et musique de Goraguer), ainsi que Mes premières vraies vacances, œuvre du tandem Datin-Vidalin. L'association Gainsbourg-Gall se démarque durant l'été 1964 avec le tube Laisse tomber les filles, renforcé par Christiansen des duettistes Datin-Vidalin. Entretemps, Gainsbourg a capté son rire pour le coller sur Pauvre Lola, l'une des chansons de son album Gainsbourg Percussions, qui paraît la même année. Fin 1964, France Gall se plie aux demandes de ses managers en enregistrant un 45 tours destiné aux enfants. Son père lui écrit, sur une musique du compositeur Georges Liferman, un titre qu'elle enregistre à regret, Sacré Charlemagne11 :

« Sacré Charlemagne, j'en étais malade, je me souviens, je n'aimais pas du tout ça. Je ne l'aimais pas et pourtant je l'ai laissé sortir. C'est vous dire à quel point je ne maîtrisais pas la situation. »

Sacré Charlemagne connaît un grand succès en France, où il se classe no 2 des ventes, mais aussi en Espagne (no 20) et en Turquie (no 5)12. Cette chanson devient même l'hymne du mouvement de la jeunesse algérienne5 et donne, quelques décennies plus tard et à la demande des élèves du pôle scolaire d'Auvillers-les-Forges (Ardennes), le nom de « Rue du Sacré-Charlemagne» à celle qui passe devant leur école

Eurovision et premiers succès[modifier | modifier le code]
 
France Gall et Serge Gainsbourgrecevant chacun des mains du ténor Mario Del Monaco la médaille du Grand Prix de l'Eurovision.

À l'automne 1964, France Gall apparaît sur la couverture du magazine Mademoiselle âge tendre et tape dans l’œil de Serge Gainsbourg, qui en achète un exemplaire. Rentré chez lui, il commence à composer la chanson qui deviendra Poupée de cire, poupée de son. Il s'inspire pour les paroles de sa chanson des réponses de la jeune femme dans l’interview du magazine13. France Gall est ensuite sélectionnée pour représenter le Luxembourg au 10e Concours Eurovision de la chanson qui a lieu en mars 1965. Elle est choisie par le biais de la station de radio RTL qui soutient le Luxembourg au concours et sélectionne des artistes pas forcément originaires du pays comme la chanteuse grecque Nana Mouskouri en 1963 ou l'auteur-compositeur-interprète français Hugues Aufray en 1964. France Gall a gain de cause en choisissant Poupée de cire, poupée de son sur les dix chansons qui lui sont proposées.

Le , l'équipe des « 3 G », Gainsbourg-Gall-Goraguer, est à Naples, à la Sala di Concerto della RAI (la salle de concerts des studios napolitains de la télévision italienne) où se tient le Grand Prix Eurovision de la chanson. Alors âgée de 17 ans, France Gall est la plus jeune concurrente de cette édition. Les répétitions sont interrompues par des incidents entre l'orchestre italien et la délégation luxembourgeoise. Les musiciens n'apprécient guère l'attitude à leur égard de l'auteur-compositeur de la chanson. Certains comparent sa partition au bruit d'une cavalcade14 et d'autres huent la chanteuse14. Gainsbourg, furieux, claque la porte des répétitions et menace de retirer sa chanson du concours14.

Un compromis finit par être trouvé, mais persiste une certaine tension qui se reflète dans l'attitude et la prestation de France Gall, déstabilisée par l'incident15,14. En 2015, elle indiquera : « J’y suis allée, dans ma tête, tellement perdante »14. Passant en quinzième position sur les dix-huit participants et sous la direction d'Alain Goraguer, elle chante en effet d'une voix mal assurée devant plus de 150 millions de téléspectateurs.

La singularité de la chanson étonne14. Elle sera en tête du vote final (jurys nationaux uniquement lors de cette édition) du début jusqu'à la fin et finit par remporter le Grand Prix14. La chanson obtient quatre fois la note maximale, mais huit pays, dont la France, ne lui attribuent aucun point14. France Gall apporte ainsi la deuxième victoire au Luxembourg, quatre ans après le chanteur français Jean-Claude Pascal et son titre Nous les amoureux. Gainsbourg et France Gall reçoivent chacun la médaille du Grand Prix des mains de Mario Del Monaco. Pour la première fois dans l'histoire du concours, la chanson gagnante n'est pas une ballade. Elle rechante alors le titre à la toute fin de la soirée.

Le succès de Poupée de cire, poupée de son dépasse les frontières européennes et France Gall l'enregistre en trois langues : allemand, italien et japonais. La chanson atteint le top 10 de plusieurs pays : FranceAllemagneEspagneNorvègeDanemarkJaponTurquieArgentineChiliSingapourAutrichePays-BasFinlandeSuède12.... Elle est l'une des premières chansons de l'histoire du concours à rencontrer un tel succès. Le public français s'émeut et reproche à Gall et à Gainsbourg d'avoir gagné pour le Luxembourg et non pour leur propre pays ; elle rétorque qu'elle ne connait guère les coulisses de sa sélection par RTL, affirmant avoir choisie la chanson avec l'accord de l'« état-major du pays du Luxembourg »

Source : Wikipédia 

Tag(s) : #chanteurs, #Années 60, #Hommages, #Nostalgie_ années 60
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