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“Imzoughen“, village d’At Yanni

“Imzoughen“ est la destination de notre randonnée du 30 mars 2018, on aurait aimé une caravane avec beaucoup de monde pour découvrir  le huitième village d’At Yanni …

La première question qui se pose, est,  que veut dire, quelle est la signification de cette appellation vernaculaire, “Imzoughen“ ?

“Imzoughen“ , est aussi le nom d’un village d’ At Yahia Moussa (Oued Ksari) à Draa El Mizane , mais également, d’une ville du Maroc Imzoughen Ouarzazate.

“Imzoughen“, est le pluriel de “ Amzough“, qui veut dire, selon notre ami Omar Kerdja “ Contenant des éléments ferreux, oxydés, qui donnent une teinte rougeâtre à l'endroit : terreau ou rochers“. On en  conclura donc : Que ce vocable “Imzoughen“ ne désigne pas les personnes, auquel cas, ils seraient des rouquins, mais le lieu géographique, dont la terre est d’apparence rougeâtre.

C’est un hameau d’une dizaine de maisons en ruine, visibles encore aujourd’hui, les autres ayant totalement disparu. Ce petit village méconnu, a la particularité d’être composé d’une population originaire d’At Yanni, d’être implanté dans le territoire de “Larch At Manguelat“ (Michelet = Aïn El Hemmam) et de connaître en moins d’un siècle des changements et des transformations majeures et radicales. Les noms en français des familles qui le composent sont : Masdoua, Maini, Mandi, Lardjane…  En Kabyle : At Amara, At Ferhat … Ces premiers, attribués lors du recensement, par l’administration Française, est l’indication que ces familles étaient à Agouni Ahmed,  Beni-Yenni, en 1891. C’est certainement après cette date, que  “Imzoughen“ est fondé …

La population d’ “Imzoughen est estimée entre, 150 et 300 habitants…  

L’armée d’occupation, évacue le village en 1957, elle a contraint ses habitants à abandonner tout, maisons, biens, terres, tombes… Comme bagages, ils ont emporté la terreur, la précarité  et une profonde déchirure  … La forte cohésion sociale du moment a facilité le reclassement des familles, éparpillées principalement dans “Larch“ d’origine, il faut noter, que le village d’Agouni Ahmed a été également vidé, comme beaucoup de villages  Kabyles … La population de Beni-Yenni, avec les réfugiés des villages évacués : Imzoughen, Tansaout, Agouni Ahmed, At Ouavane s’est concentrée dans les villages du centre. Certaines familles réfugiées occupent les maisons vides, celles de ceux qui ont fuit pour des raisons de sécurité généralement, les autres sont incluses à celles déjà existantes, dans de vieilles maisons étroites. La moindre petite relation parentale est exploitée dans ce cas d’urgence et justifient la proximité de circonstance ; “Ttiqk d goul“, la solidarité à l’époque, n’est pas un vain mot.

 A l’indépendance, la situation c’est nettement amélioré pour les réfugiés et les autres, Beni-Yenni était  réputée déjà être une commune propice  à l’évolution, à la “modernité“, à  l’instruction, un tremplin pour aller encore plus loin, à la recherche légitime de promotion sociale. Quand la réussite est au rendez-vous, on a plaisir d’apprendre, que nos semblables s’illustrer outre-mer, comme Tassadit Mandi, dans le cinéma et Lardjane dans la confection, pour n’en citer que ceux là.  

 

Dda Amar, rencontré par hasard sur les lieux, a presque quatre vingt ans,  l’activité champêtre fait paraitre vingt ans de moins. Il nous conte, non sans émotion, une petite partie de l’histoire tumultueuse d’Imzoughène et de sa population. Il évoque en vrac, les batailles, les caches des “Moudjahidines“, la perte cruelle de ses parents à l’âge de 17 ans ; son retour de France à neuf mois et les raisons de son illettrisme. Avec d’autres villageois, souvent en famille, Ils reviennent de temps en temps exploiter quelque peu, les petites propriétés, parfois ingrates.  L’activité paysanne sur les terres des ancêtres, les réconforte et les apaise, elle semble même séduire quelques jeunes courageux. Le trajet d’“At Yanni“ à “Imzoughenest important, il faut presque quatre heures pour un aller et retour, sans compter les obstacles. Le nouveau

petit pont sur l’eau, qui relie normalement les deux pistes agricoles de part et d’autre de la rivière, ne remplit plus son rôle, au moment où on en a le plus besoin. Ainsi, les dernières crues ont charrié des éléments, dont des troncs d’arbres, qui ont obstrué le conduit sous le pont et détournent les eaux vers le flanc du pont. Une situation très gênante pour mener à bien la récolte des olives, les fruits ramassés durement, pourrissent dans les sacs depuis des jours. Faute de ne pas recevoir d’aide, ils ont loué les services d’un tracteur pour rapatrier, les dernières olives de l’année. Dès notre arrivée, une dizaine de personnes sont venues nous saluer gentiment. On voulait comprendre

beaucoup de choses, l’arrivée du tracteur, leur fait rappeler les nombreuses difficultés qu’ils subissent, toutes ces malheureuses conditions et les autres motifs les fâchent ; par compassion nous acceptons d’êtres momentanément  les destinataires circonstanciels de leurs exubérantes doléances, surtout des plus jeunes, courroucés et révoltés par l’indifférence générale, comme si on représentait l’autorité. Nous avons parlé, photographié, filmé  puis libérer nos hôtes pour leur permettre de charger leurs sacs d’olives. Nous, après le déjeuner, nous avons précédé le tracteur à la rivière en furie pour la traverser sur la benne avec les olives.      

J’espère que les photos de mes compagnons, le texte de Lghotti et celui-ci, soient un projecteur sur “Imzoughen“, un début pour les faire connaître un peu mieux, récolter les  témoignages de personnes âgées, chercher des documents sur ce village, ses habitants, son histoire, les noms des lieux vernaculaires, pour constituer une base de recherches éventuelles pour les générations futures . Ou encore envisager la reconstruction du village pour en faire un lieu de vie agréable avec toutes les commodités, qui attireront de nouveaux habitants et des touristes…   

                                                                     Med Tabeche , Avril 2018

Imzoughen, village d'At Yanni
Imzoughen, village d'At Yanni
Imzoughen, village d'At Yanni
Imzoughen, village d'At Yanni
Imzoughen, village d'At Yanni
Imzoughen, village d'At Yanni
Imzoughen, village d'At Yanni
Imzoughen, village d'At Yanni
Imzoughen, village d'At Yanni
Imzoughen, village d'At Yanni
Imzoughen, village d'At Yanni
Imzoughen, village d'At Yanni

Imzoughène

par Lghotti Nekmouche

Une randonnée intra muros, Imzoughène, un lieu-dit, au-delà de la rivière ‘’Assif Oussaka’’, frontière naturelle entre les versants d’Ath Yenni et d’Ain El Hamam. Géographiquement, Imzoughène chevauchent les versants d’Ain El hemam et de Larva Nath Iraten, administrativement, ils sont rattachés à la commune d’Ath Yenni, terre de leurs ancêtres , nous a-t-on dit. Ils seraient partis d’Agouni Ahmed.

D’Adhouz, la route est carrossable jusque la rivière, c’est le chemin que nous prenons. ‘’Amalou Amar’’, faisant miroir à Timzerine, un endroit infesté de bêtes féroces, nous racontait t on dans notre enfance, la terrible « Thouchent oumalou Amar’’, réputée pour avoir dévorée de nombreuses chèvres et brebis et dont les hurlements lugubres se font entendre dès la tombée de la nuit. Ces histoires et légendes peuplaient notre imaginaire d’enfants. ‘’Assif Oussaka’’ est en crue, la rivière est grosse, son lit est large, les eaux sont tumultueuses et le courant très fort, il faut la traverser, point de pont, il a été emporté par les eaux. En amont, la rivière se rétrécit, le débit est plus important, des tourbillons partout, il y a même des vagues, c’est impressionnant. Un tronc d’arbre est jeté en travers de la rivière, c’est là qu’il faut traverser. Sécurisé par des cordes tendues d’une berge à l’autre, une main courante en quelque sorte (ingéniosité de Md Tabeche), qui à califourchon et se laissant glisser jusque l’autre berge, qui, debout sur le tronc, jouant à l’équilibriste, la traversée s’est faite sans réel danger. Des hésitations à s’engager, des fous rires, du stress aussi, de bons moments partagés.

Le chemin est encore long, le village est sur les hauteurs, la pente est raide, une bonne marche. Imzoughène, nous y sommes, point de village, un hameau de quelques maisons en ruine. L’accueil de Mr Lardjane est chaleureux. Retraité de France, âgé de 78 ans, toujours vigoureux, il récolte les olives et élève du bétail. Il préfère Imzoughène aux belles avenues parisiennes. Il nous raconte son village, du moins ce qu’il en sait. Chassés en 1957 par les militaires français, Ath Amara se réfugient à Ath Yenni, terre de leurs ancêtres, pour s’y installer définitivement à ce jour. Nostalgique de l’époque, il évoque longuement sa mère, une française, venu vivre au pays avec son mari, leurs tombes sont entretenues. Nous avons aussi vu la maison qui a vu naître Tassadit Mandi, une actrice de cinéma, très cotée actuellement en France.(Asphalte, Les invincibles, Vivre me tue, , Le secret de Fatima, Paris la blanche......Quelques uns de ses fims ) C’est le printemps, la nature est verte, des parterres de pâquerettes partout, les arbres sont en fleurs, l’endroit est calme, le silence est reposant, seul le roulement des eaux s’entend au loin, il fait bon y vivre, nous y déjeunons.

Au retour, c’est l’appréhension de retraverser la rivière qui domine. Le hasard faisant bien les choses, un tracteur passait par là, nous embarque tous et nous fait traverser. Il faut rejoindre le village, la montée est rude, 17 heures ,nous sommes arrivés.

Nous avons beaucoup marché, une randonnée colorée, une traversée de la rivière mouvementée, la découverte d’Imzoughène, une journée pleine, un temps printanier, que du bonheur, des randonnées comme ça, on en demande encore. Bonne soirée les amis.

 

La traversée
La traversée
La traversée
La traversée
La traversée
La traversée
La traversée
La traversée

La traversée

Tag(s) : #Mon village, #Randonnées, #At Yenni Beni-Yenni
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