Ce jeudi 24 avril 2025, en arrivant sur la place du village d’At Wavan, je m’adresse à la première personne âgée que je rencontre, pour lui demander l’autorisation de garer mon véhicule près de la fontaine publique, ici tout est ordonné, réglementé, organisé. Mon but est de Remplir mes bidons d’eau de source (Aslous), sans soulever les charges lourdes, renouveler ma réserve d’eau potable est l’une des raisons qui me poussent à revenir régulièrement dans ces villages montagnards.
En cette saison, les paysages bucoliques, embellis par les couleurs du printemps, sont particulièrement splendides. Les cerisiers bordant les routes étalent leurs branches lourdement chargées de fruits, promesse d’une maturation prochaine.
Je lève les yeux vers les sommets et la forêt encerclant le village, des lieux que je connais intimement pour les avoir parcourus depuis plus de cinquante ans. Aucune richesse matérielle ne rivalise avec leur beauté, leur sérénité, leur faune et leur flore, ni avec la pureté de leurs eaux.
Ce dont je voulais réellement parler, c'est de "La mine d'or d'Aït Ouabane". Il y en a quatre, que l'on appelle des mines, mais qui sont en fait des galeries de sondage et d'échantillonnage creusées horizontalement dans la forêt. Elles se situent au-dessus du village, sous la route nationale 33 qui traverse la forêt primaire d'Aït Ouabane en son centre et en contrebas de la chaîne de montagne appelée "Azru n Maden" (montagne de fer). Beaucoup ignorent l'existence de ces soi-disant mines. Vous me direz alors qu'il serait préférable de ne pas ébruiter leur existence.
Dans les années 30 et 40, de nombreuses personnes de la région y ont travaillé. Un employé retraité de la préfecture de Tizi-Ouzou, aujourd'hui wilaya, me racontait qu'à l'époque coloniale, de mystérieuses caisses en bois partaient pour la métropole. Certains disaient que c'était de la poudre d'antimoine, d'autres du minerai d'or, etc. J'ai entendu certains préconiser l'exploitation de ces mines en avançant des arguments économiques, sociaux et autres.
L'exemple d'Amizour nous montre qu'il est aujourd'hui possible de concevoir des projets inopportuns et même dangereux. Les concepteurs de projets peuvent tromper en mettant en avant d'importantes retombées économiques et sociales, les milliers d'emplois que cela pourrait générer et la contribution au développement économique et social de la région et du pays...
- La Mine, l'exploitation des sols est un fléau environnemental et humain.
Les mines, qu’elles exploitent de l’or, des diamants, du charbon, du cuivre, du plomb, des terres rares ou de l'antimoine, représentent une menace grave pour l’environnement et les populations. Peu importe la matière extraite ou le pourcentage de rendement, leur exploitation engendre des dégâts irréversibles sur les écosystèmes, met en danger la santé des communautés avoisinantes, et contribue à des crises sociales, écologiques de grandes gravités.
- Destructions massives des écosystèmes.
L’extraction minière provoque une déforestation intensive, une érosion des sols et la destruction d’habitats naturels de la faune. Les techniques, comme l’exploitation à ciel ouvert, rasent des montagnes et contaminent les terres et les eaux, rendant les sols stériles pour des décennies. Les mines souterraines, quant à elles, fragilisent les structures géologiques, causant des affaissements de terrain.
De plus, les rejets de produits chimiques (mercure, cyanure, acide sulfurique) utilisés pour séparer les minerais polluent durablement les cours d’eau, tuant la faune aquatique et contaminant les nappes phréatiques.
- Les mines produisent et déversent dans les cours d'eau des millions de tonnes de boues toxiques.
- Impacts sanitaires sur les populations.
Les mineurs sont exposés à des conditions extrêmement dangereuses :
- Maladies respiratoires (silicose, cancers) dues à l’inhalation de poussières toxiques.
- Accidents mortels (effondrements, explosions, inondations), fréquents dans les mines illégales ou mal sécurisées. (4 jeunes décèdent dans une mine abandonnée à Mila, prêt de Constantine).
- Intoxications chroniques (plomb, arsenic, mercure) affectant les communautés vivant près des sites miniers.
- Les populations locales subissent aussi la pollution de l’eau et de l’air, entraînant des maladies graves (malformations congénitales, cancers, troubles neurologiques).
En Afrique, en Amérique latine et en Asie, des villages entiers sont empoisonnés par les résidus miniers abandonnés.
- Conflits sociaux et exploitation humaine.
L’industrie minière est souvent associée à :
- L’accaparement des terres, privant les communautés autochtones de leurs moyens de subsistance.
- Des violations des droits humains (travail forcé, enfants dans les mines, répression violente des protestations).
- Contribution au Changement Climatique.
L’extraction et le traitement des minerais consomment d’énormes quantités d’énergie, souvent issue de combustibles fossiles. De plus, certaines mines (comme celles de charbon) libèrent du méthane, un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO₂.
- Conclusion : Une Industrie Insoutenable.
les gains économiques ne sont que pour les exploitants, qu'ils soient privés ou étatiques.
- Les mines sont intrinsèquement destructrices. Les "mines responsables" restent marginales et ne compensent pas les dégâts causés. Une transition vers le recyclage des métaux, une réduction de la surconsommation et des énergies renouvelables moins gourmandes en minerais est indispensable pour limiter ce désastre écologique et humain.
-Les mines ne sont pas seulement dangereuses, elles sont une menace systémique pour la planète et ses habitants.
- Aurore Stéphant, Ingénieure géologue minier spécialisée dans les impacts sanitaires et environnementaux des filières minérales, nous explique très bien dans ses vidéos les conséquences des mines. Pour nous, il n'y a qu'à voir les problèmes que posent, aux riverains, aux routes et à l'environnement, ces petites exploitations d'extraction d'agregas. Les taxes payées pour les collectivités locales, sont insignifiantes par rapport aux dégâts causés sur les routes par les engins utilisés à l'exploitation.
Il n'y a pas de mines à Aït Ouabane.
Mais village Aït Ouabane est le plus beau et le plus important, que toutes les gisements, qu'on pourrait y trouver.