Il arrive, qu'avec mes amis, on ne se voit pas souvent. Occupés ou préoccupés, comme en ce moment par exemple,c'est la préparation de la récolte des olives, entre autres. On se téléphone ou on s'émaile pour continuer les discussions inachevées, voici donc la nouvelle de mon ami Omar Sider :
"Bonsoir Mohend,_ l'autre fois on avait parlé de Berrekmouche et je t ai dit que j ai un poème où il est usité même explicité Alors le voilà avec une introduction s y afférant; mais au fait, est ce que tu as installé la police amazighe?
En circulant en Kabylie( comme d’ailleurs partout en Afrique du nord), on remarque que toutes les plaques de signalisation des villes ,des villages et des lieux sont écrites en arabe ou en français pour des raisons historiques du fait surtout que la langue amazighe n’a jamais été officielle (nous continuons de croire qu’elle le sera sans doute un jour) soit. Cela n’est pas sans conséquences malheureusement : beaucoup de toponymes sont déformés et bien souvent délibérément . Ainsi le terme « AIT »( préfixe d’appartenance : les fils de)a subit le plus grand coup pour devenir Beni ,terme arabe de même sens D’autres ont perdu carrément leurs sens dans leur traduction en français tels : “ifri n yifis“ (grotte de l’hyène)qui est devenu grotte du léopard de même que “ ifri n tteryel“ (grotte de l’ogresse) qui est devenu grotte de la fée (titre d un film qui a participé au festival du film amazigh) et c’est bien dommage de la part d’un autochtone… . Ceci dit, il n’est pas dans notre intention et nous ne pouvons pas aussi être exhaustif dans ce cadre ,tellement ces déformations sont légion Nous voulons seulement attirer l’attention car plus le mot d’origine est altéré plus grande est la difficulté de déceler son sens alors qu’avec la toponymie justement on peut se réapproprier pas mal de mots que nous avons perdu dans notre langage Certains peuvent même servir de base pour la néologie En voila quelques exemples : tizi bwar/agni bwar (war = lion) ; Tadmait ( pluriel tidma**qu’on retrouve dans l’ancienne poésie : lire plus bas )=gazelle ; ighzer yiss , au portail de de l’université Bastos à Tizi ouzou (yiss =cheval) ;Tawarga (à Beghlia et Ait Zmenzer) = fourmilière … ighzer(et pont) berrekmouche (affluent du barrage Taksibt) berrekmouche=panthère noire.
Ci-joint un poème où ce terme est usité et en quelque sorte explicité
a yemma a wur neḥḍir i wass n tṛad n lakul
abbu yesbek rrṣas igeẓẓem am lemku(l)
ay nɣan d Muḥd Urabeḥ d ayrad m’aa d-yettmuqul
a yemma a wur neḥḍir i wass n ṭrad n lakul
abbu yesbek rrṣas la ygeẓẓem axenfuc
I d-nɣan Muḥd Urabeḥ am ayrad aberrekmuc
Aberrekmuc (averrekmouche) est un mot composé : berrek (noir) et muc un chat On dit aussi « mucbeṛṛa » pour chat sauvage On rencontre ce terme dans nos contes tel « Mouche et les 7 orphelines » et dans la toponymie Tiẓra n muc à Tassoukit (rochers du chat)… Donc berrekmuc est un félin fauve ,vraisemblablement la panthère noire qui a disparu depuis longtemps
Ce poème date de 1931 lors d’un conflit tribal dans la région des Ouadhias’. Mouh Ourabah fils unique, a été tué par erreur d’une balle qui l’a atteint en plein tête Sa grand-mère maternelle (native des Ouadhias tribu) en est l’auteure
Tidma*
Lǧuheṛ d Faṭima
Rnu-d Dehbiya
Akken ay jebbdent ṣṣef
Sut tecraḍ timmi teɣma
Lexyaṛ n Tidma
Kullci-nnsent idda d lḥeṛf …
De Si Muḥ Umḥend
Aomar sider