Daïra de Béni Yenni : La gestion de l’eau problématique.
El Watan du 27 06 2011. Par Nordine Douici.
En moins de 6 ans, les créances de 2 communes ont atteint 6,5 milliards de DA.
Photo: M. Jean Luc Boucher (Ex médecin militaire au poste d'Ait Saada de 1960 à Février 62).
Un «litige» autour de la gestion des ressources hydriques et des réseaux AEP vient d’éclater entre, d’une part, les citoyens d’Iboudrarene et de Yatafene, deux communes relevant de la daïra de Beni Yenni (50 km au sud de Tizi Ouzou), et d’autre part, les services de l’Algérienne des eaux (ADE). A l’image de nombreuses localités, les villageois de ces deux communes souffrent en cette période estivale du manque d’eau qui est rationnée à raison d’une journée sur deux. «A cette période elle est rationnée mais pour une durée d’une heure. Parfois, elle n’arrive pas dans tous les foyers», affirment un commerçant qui tient un fast-food au chef lieu d’Iboudrarene. Mais pas seulement. Il y a quelques années déjà, les citoyens qui constatent l’absence de l’ADE dans la gestion des réseaux AEP ne payent plus leurs factures de consommation.
Le montant des créances des deux communes a atteint, depuis 2005, 6,5 milliards de dinars. Pourquoi ? «À Iboudrarene, par exemple, l’ADE n’intervient jamais sur les pannes pour l’entretien des 3 sources qui alimentent nos villages. En hiver, ce sont les citoyens qui partent en montagne, sous la neige, pour réparer les fuites ou autre pannes avec l’aide de la mairie», dit un villageois de Tassaft Ouguemoun. «Pour nous, l’ADE n’existe pas, elle est là uniquement pour placer des compteurs et encaisser de l’argent sans l’investir», enchaine un autre habitant qui souhaite comme ses concitoyens un prix spécifique où la suppression des charges incluses dans la tarification de l’eau de sources puisque, affirment-ils, l’organisme gestionnaire ne prend pas en charge les opérations inhérentes aux taxes gravitaires.
Une demande irrecevable chez les pouvoirs publics. Pour ces raisons et d’autres, l’APC d’Iboudrarene a décidé de suspendre le payement des factures des établissements publics qui sont sous sa responsabilité depuis janvier 2010. Pour le maire, M. Lakhal, «en l’absence de l’ADE, c’est l’APC qui lui substitue et fait face à toutes les pénuries et fuites qui sont signalées ; la réaction des citoyens est justifiée».
A Yatafene, l’on assure que «les élus ont reçu une facture de consommation de l’ensemble des villageois que l’APC doit régler!» Le responsable de l’antenne ADE de Ben Yenni, qui dépend de l’agence des Ouacifs, déplore le manque de moyens dont dispose son service : un seul plombier et un local de moins de 40 m² dans lequel évolue une dizaine de fonctionnaires. Néanmoins, le responsable assure que «si les factures sont élevées c’est à cause du gaspillage. L’ADE a investi. Nous avons déjà effectué des opérations de renforcement, de réhabilitation et d’extension des réseaux ainsi que des infrastructures hydrauliques comme les châteaux d’eau.» Et d’ajouter : «Face aux non payement des factures on ne peut ni investir ni faire face aux centaines de branchements illicites constatés dans plusieurs villages».
À cet effet, l’ADE avait établi des mises en demeure et engagé des poursuites judiciaires à l’encontre des citoyens pour «non payement des factures et piratage de la source Oulsous par des citoyens du village Ait Ouabane, dans la commune d’Akbil». La semaine dernière, après la fermeture de l’antenne ADE de Beni Yenni par les citoyens contestant «une mauvaise prise en charge de l’AEP» dans leur localité, une réunion a été tenue pour aplanir ce cumul de problèmes. Les maires des deux communes, les représentants des comités de villages ainsi que des responsables du secteur de l’hydraulique ont discuté de l’annulation des poursuites judiciaires y compris celles qui sont en instruction.
Aussi, mettre fin au piratage et aux piquages illicites, la prise en charge des créances antérieures et le renforcement de l’antenne ADE de Ben Yenni en moyens humains et matériel. Si les problèmes soulevés persistent, les maires des deux communes se sont engagés à se substituer à l’ADE dans la gestion du réseau AEP.
Nordine Douici.
"Infoucable" du Kabyle "Ifouk" =terminer, fin, achever.
le 11.09.15 | 10h00 http://www.elwatan.com//actualite/illilten-tizi-ouzou-un-litige-hydraulique-entre-deux-villages-a-failli-degenerer-11-09-2015-303221_109.php
Si ce n’était l’intervention des sages et des citoyens des autres villages de la commune, un conflit sur un captage d’eau a failli tourner au drame. Les villages font appel à l’ADE pour gérer cette ressource, qui génère des conflits persistants.
Depuis le 22 août, quatre village de la commune d’Illilten, wilaya de Tizi Ouzou, sont privés d’eau potable en raison d’«un litige entre les deux villages Tifilkout et Azrou sur une source d’eau», racontent les deux parties concernées. Ce problème a failli verser dans la violence sans l’intervention des sages des autres villages qui sont arrivés à temps.
Les villages de cette commune sont alimentés en eau potable depuis une zone montagneuse où plusieurs captages ont été réalisés ainsi que des répartiteurs. Selon Laziz Aït Amrane, président du comité du village d’Azrou, «nous avons réalisé un captage d’une source sur un terrain commun aux deux villages, par la suite, nous avons acheminé l’eau directement dans le réservoir du village afin d’augmenter le débit, car avec l’ancienne répartition, on ne pouvais pas satisfaire la consommation des citoyens de notre village.
C’est tout à fait légitime, vu que les autres ont réalisé des captages qu’ils ont branchés directement sur la conduite de leur village». Durant la réalisation de ce «captage illicite, nous avons interpellé les autorités pour arrêter ces travaux. Nous avons envoyé deux requêtes en 2014, et une dernière le 16 août dernier, dans le but d’éviter tout malentendu avec le village Azrou mais rien n’a été fait», raconte Farid Lhadj Mohand, membre du comité du village Tifilkout.
Sabotage
Face à ce silence des autorités, les deux villages ont procédé au sabotage de toutes les conduites qui alimentent les quatre villages en eau potable le 22 août dernier, date où «nous avons décidé, après l’accord du village, de nous rendre sur place pour arrêter l’exploitation de la source en litige», ajoute Farid.
Par la suite, le président de l’APC, Ouremdane Azoug, a déposé une plainte auprès du tribunal de Aïn El Hammam «contre des inconnus qui ont saboté les conduites d’eau qui aliment les quatre villages», selon un document parvenu à notre rédaction. Afin de trouver une solution au problème, «nous avons initié des réunions en présence des comités des villages concernés ainsi que des services publics et des services de sécurité, pour tenter de trouver une solution définitive à ce problème», nous confie une source officielle.
La situation avait l’air d’être maîtrisée, jusqu’ici, «l’APC ayant chargé des plombiers de se rendre sur place et de réparer les dégâts», explique Malek Benkadi, vice-président de l’APC d’Illilten. Mais le 2 septembre, «nous nous sommes rendus compte que 250 mètres linéaires de tuyaux de notre conduite ont été sabotés encore une fois. Nous avons lancé un appel au village pour réparer les dégâts», ajoute Laziz Aït Amrane. Les habitants de Tifilkout et Azrou «étaient munis d’armes blanches».
La confrontation a été évitée de justesse par l’arrivée des sages de la commune, puis les services de sécurité et les autorités locales les ont rejoints. Ils ont invité les deux parties à tenir une réunion au siège de la daïra, selon un témoin et, le même jour, une rencontre a eu lieu vers 18h. Les deux parties se sont mises d’accord pour «reprendre le système de répartition initial après réparation des dommages, afin de satisfaire les villageois en matière d’eau potable et d’engager un bureau d’études spécialisé pour déterminer les débits réels et, le cas échéant, rectifier les déséquilibres au niveau du répartiteur», selon le procès-verbal signé par les deux parties.
Farid Lhadj Mohand souhaite que «les autorités prennent vraiment en charge ce problème afin de régler ce conflit qui aurait pu être évité si elles avaient donné suite aux requêtes déposées». Nous avons essayé de contacter l’Algérienne des eaux afin de connaître les actions entreprises afin de régler définitivement le problème dans l’une des rares communes dans la wilaya où cette société est absente, mais toutes nos demandes sont restées sans suite.